Guerre entre Israël et le Hamas : l'Afrique du Sud et le Brésil durcissent le ton face à l'État hébreu
En Afrique du Sud, le parti au pouvoir, l'ANC, est un soutien indéfectible de la cause palestinienne. Il envisage de fermer l'ambassade d'Israël à Pretoria. Cette question a été débattue, jeudi 16 novembre à l'Assemblée nationale, sur proposition de l'EFF, un parti d'opposition radical, dont le chef Julius Malema, "appelle le gouvernement à fermer l'ambassade d'Israël à Pretoria et à mettre fin à ses liens diplomatiques avec le régime brutal d'apartheid israélien. Nous ne pouvons pas partager un territoire avec des meurtriers", déclare-t-il.
Ce parti, de l'EFF a organisé des manifestations devant l'ambassade israélienne à Pretoria, tout comme l'ANC, au pouvoir qui soutient la fermeture de cette représentation diplomatique, mais il reste à convaincre le gouvernement, du bien-fondé de cette mesure extrême. L'Afrique du Sud a déjà pris des mesures symboliques fortes, comme en 2018, où elle a transformé son ambassade en Israël en simple bureau de liaison, au début du mois elle a rappelé ses diplomates et elle a enfin convoqué l'ambassadeur israélien pour le sermonner.
Mais se couper totalement d'Israël comporte des risques pour le gouvernement, puisque l'Afrique du Sud dit vouloir jouer un rôle dans la médiation du conflit. Si elle rompt ses liens avec Israël, elle ne pourra plus rien faire. Garder contact doit aussi permettre d'exiger de son gouvernement qu'il rende des comptes, notamment sur la mort de l'humanitaire, Ahmed Abbassi, tué dans la bande de Gaza, par un missile selon l'ONG sud-africaine, pour laquelle il travaillait.
Cependant, plutôt que de s'isoler en fermant l'ambassade d'Israël, l'Afrique du Sud cherche à mobiliser contre l'État hébreu, devant la Cour pénale internationale (CPI). Pretoria veut en effet que la CPI enquête sur de possibles crimes de guerre, crime contre l'humanité et génocide. Le gouvernement rappelle qu'une partie du monde s'est mobilisée pour mettre fin au régime raciste de l'apartheid dans les années 90 en Afrique du Sud et qu'il devrait en faire autant avec la situation à Gaza. À Pretoria, on entend presque chaque jour la phrase de l'ancien président Nelson Mandela prononcée en 1997, "Notre liberté est incomplète sans celle des Palestiniens".
Le Brésil en position d'équilibriste
Le président Lula a d'abord été très prudent sur la guerre au Proche-Orient, en alternant les critiques envers le Hamas et Israël. Son message à vocation humaniste était très simple, toutes les guerres et tous les types de violences doivent être rejetés. D'autant que Lula, connaisseur du dossier et disposant de contacts avec les deux belligérants, mais aussi avec les États-Unis et l'Iran, espère se poser en médiateur.
Pour autant, après des semaines de neutralité relative, il a progressivement haussé le ton envers l’État Hébreu. Le 13 novembre dernier, juste avant d'accueillir les derniers brésiliens rapatriés de la bande de Gaza, il a déclaré, "Après les actes, et je le dis, les actes terroristes du Hamas, la réponse apportée par l’État d’Israël est aussi grave que les actions du Hamas, parce qu'ils sont en train de tuer des innocents". Ce n'est pas la seule déclaration du genre, mais elle a entraîné une vive réaction de représentants de la communauté juive, brésilienne, qui ont dénoncé des propos, "erronés, injustes et dangereux".
Au-delà des considérations diplomatiques, Lula a tout fait pour ne pas s'aliéner l'électorat évangélique, qui pour des raisons religieuses soutient massivement Israël. Sauf que le conflit s'enlise et le grand nombre de victimes civiles le pousse à se montrer plus ferme, notamment sous la pression de ses partisans de gauche, historiquement proche des Palestiniens.
Une succession de mésententes a aussi irrité le gouvernement brésilien, qui s'est par exemple offusqué du retard pris dans l'évacuation de ses citoyens présents à Gaza. Il y a également le très remuant ambassadeur d'Israël au Brésil, qui s'est réuni avec l'ex-président Jair Bolsonaro, condamné à deux peines d'inéligibilité et connu pour son influence sur les milieux évangéliques. Cette initiative est très mal passée auprès du gouvernement Lula.
Enfin, si les services secrets israéliens ont aidé le Brésil à arrêter des membres du Hezbollah, soupçonnés de préparer des attentats sur son sol, ils ont aussi fait fuiter l'opération et ont accusé l'Iran de financer le tout. Les autorités brésiliennes ne l'ont absolument pas apprécié, se sentant utilisées à des fins politiques. Ces différents événements ne devraient pas entraîner de changement drastique dans la stratégie diplomatique brésilienne, mais ils contribuent à distendre les liens les deux pays.
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