L'inflation et l'épidémie de Covid-19 vont-elles gâcher les fêtes de fin d'année en Espagne et en Argentine ?
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qu'il se passe ailleurs dans le monde. Direction l'Espagne et l'Argentine où l'inflation bat des records et menace les fêtes de fin d'année.
La pandémie de Covid-19 a entraîné une augmentation des prix de la plupart des produits dans le monde. À se demander si cette inflation va gâcher les fêtes de fin d’année alors que la crainte d'une reprise épidémique est tout aussi préoccupante notamment en Europe.
L’Espagne a encore pulvérisé son record d’inflation
En Espagne, l’inflation a atteint le niveau le plus élevé depuis 29 ans, soit 5,6% sur un an. C’est un sujet dont on parle beaucoup depuis des mois dans le pays. Il inquiète profondément les Espagnols car le coût de la vie est de plus en plus élevé et touche la plupart des produits. Outre les prix l’énergie qui ont grimpé ces derniers mois de façon brutale, +62,8% par exemple pour l’électricité rien qu'en octobre, il y a plein d’autres produits qui sont concernés, comme les produits alimentaires ou les combustibles liquides. Les Espagnols voient leur pouvoir d’achat se réduire, ils devraient acheter moins. C’est en tout cas la crainte des commerçants qui redoutent que les ventes de Noël de l’année 2021 soient en baisse.
Ce Noël devait être marqué sous le signe de la reprise économique mais finalement l’inflation risque de changer complètement la donne. Il faut ajouter les difficultés d’approvisionnement. En premier lieu, la pénurie de microprocesseurs qui touche particulièrement l’industrie de l’automobile en Espagne. Au mois d’octobre, par exemple, la production de véhicules a chuté de 38% selon l’Anfac, le patronat du secteur automobile. Et c’est une situation qui pourrait en plus se prolonger pendant toute l’année prochaine. Or, cette paralysie de l'industrie de l’automobile est très inquiétante pour l’économie espagnole puisque ce secteur représente 10% de son PIB et 18% des exportations. Il y a d’ailleurs déjà des milliers de salariés du secteur touchés par cette situation et qui ont été mis en chômage partiel.
L’épidémie de Covid-19 risque aussi de gâcher les fêtes de fin d’année. Pour les sauver et afin d’éviter qu’une 6e vague de Covid-19 ne s'étende en Espagne, de plus en plus de régions appellent la population à la prudence. Elles ont commencé aussi à adopter des mesures plus restrictives face à la hausse des cas car l’incidence a presque doublé en un mois en Espagne, même si elle reste plus épargnée par rapport à d’autres pays européens, grâce à un taux élevé de vaccination, puisque près de 90% de la population est entièrement vaccinée. Pour contrecarrer l’avancée de cette 6e vague, une grande partie des régions comme la Galice, le Pays Basque, les Baléares, la région de Valence ou la Catalogne ont décidé d’exiger le pass sanitaire, qui n’existait pas encore en Espagne. Madrid, notamment, refuse de le mettre en place, ainsi que d’adopter toute autre mesure restrictive avant les fêtes de Noël. En tout cas, pour l’instant…
En Argentine, une inflation toujours aussi forte
Autre pays habitué à la hausse des prix, l’Argentine où l’on vit avec 50% d’inflation par an. Cette inflation et la dette envers le Fonds monétaire international (FMI) freinent le pays sud-américain dans sa récupération économique post-pandémie. Car la vie s’est normalisée peu à peu et le Covid-19 semble loin mais la menace du variant sud-africain inquiète.
Avec le retour des beaux jours et la campagne de vaccination, le Covid-19 en Argentine est en recul. Lundi 6 décembre, on a enregistré 2500 cas et 34 morts, sur 44 millions d’habitants. En 2020, le même jour, il y avait le double de cas mais quatre fois plus de morts. La vaccination massive semble donc faire effet dans ce pays où deux habitants sur trois ont reçu les deux doses. Si le variant Delta a été relativement bien contrôlé, le variant Omicron détecté en Afrique du Sud qui paraît plus agressif inquiète. Le premier cas a d’ailleurs été confirmé lundi. Un Argentin de 38 ans revenu d’un voyage professionnel en Afrique du Sud est placé en quarantaine, ainsi que les cas contacts, mais on a tout de même peur de revenir à l’isolement total après le traumatisme du confinement de huit mois en 2020 qui n’a pas véritablement freiné la contagion et qui en plus a approfondi la crise économique.
Malgré une légère amélioration économique, certains chiffres sont toujours dans le rouge. C’est le cas de l’inflation, un mal permanent en Argentine dont les gouvernements n’arrivent pas à se débarrasser. Pour une année de plus, elle s’élève à 51% et la projection n’est pas encourageante puisqu’on s’attend dans les six prochains mois à une inflation mensuelle de 3,7%. Cela s’ajoute à un taux de chômage de 9,7% et à un taux de pauvreté de plus de 40% au premier semestre de cette année. À ce panorama assez difficile, il faut rajouter le casse-tête des négociations de la dette avec le FMI. Rappelons qu’en 2018, le président de l’époque Mauricio Macri avait demandé un prêt record de 57 milliards de dollars dont 44 ont été versés. Pour le gouvernement, ces 44 milliards sont un gros caillou dans sa chaussure. Car compte-tenu de la situation économique, il est impossible de rembourser ce prêt sans plonger le pays dans la crise. C’est pourquoi les équipes du ministère de l’Économie se trouvent actuellement à Washington afin d’arriver à un accord. Le but est de rembourser mais beaucoup moins et plus tard. Tel est l’objectif du gouvernement qui souhaite rentrer de Washington avant Noël avec un accord dans sa hotte afin de donner pour les fêtes un peu d’espoir aux Argentins.
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