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L'Italie et l'Allemagne réduisent le nombre de leurs députés au sein du Parlement

Tous les jours, le club des correspondants décrit comment un même fait d'actualité s'illustre dans deux pays.
Article rédigé par franceinfo - Blandine Hugonnet et Sébastien Baer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les députés allemands ont assisté au discours du roi d'Angleterre Charles III au Bundestag à Berlin, le 30 mars 2023. (ARTHUR EDWARDS / POOL / AFP)

Le club des correspondants se penche mercredi 5 avril sur la réduction du nombre de députés en Allemagne et en Italie.

En Allemagne, simplifier le mode de scrutin

En Allemagne, le Bundestag a décidé de réduire drastiquement le nombre de ses députés, qui passera de 736 actuellement à 630 sièges dans la prochaine législature à partir de 2025. En effet, le complexe mode de scrutin allemand  a cette particularité qu’il ne détermine pas à l’avance un nombre fixe de députés. Le nombre change selon les années, et ces derniers temps, il avait tendance à augmenter à chaque élection : les projections anticipaient plus de 800 députés en 2025, si aucune réforme n’était entreprise. Réduire le nombre de députés, de 106 sièges, c'est aussi des milliers de postes d'attachés parlementaires qui vont être supprimés. Selon les calculs de la fédération des contribuables, la réforme permettra d’économiser au moins 340 millions d’euros par législature.

Concrètement, lors des législatives, un électeur dispose de deux voix : avec la première, il vote pour un candidat dans sa circonscription et avec la deuxième, il vote pour un parti. Jusqu’à présent, le candidat arrivé en tête dans l’une des circonscriptions était directement élu, ce ne sera plus automatiquement le cas désormais. Il faudra que le parti du candidat ait obtenu au moins 5% des suffrages à la deuxième voix pour que ce candidat puisse entrer au Bundestag. Il pourra donc arriver que des candidats, premiers dans leur circonscription, ne deviennent finalement pas député.

Mais la réforme, adoptée avec une large majorité de 399 voix pour face à 261 contre et 23 abstentions, est très critiquée par les partis les plus modestes, qui étaient sauvés par la règle actuelle, comme Die Linke, le partie de gauche. Très implanté à l'est, Die Linke a obtenu plus de 12% des voix en Mecklenbourg-Poméranie ou en Thuringe mais à peine 3% dans le Bade-Wurtemberg ou en Bavière. Moyenne nationale :  4.9%, en dessous donc des 5%. Avec la nouvelle règle, die Linke n’aurait donc aucun député au Bundestag alors que le parti dispose de 39 sièges aujourd’hui. Même chose pour la CSU, la branche bavaroise du parti conservateur CDU, qui tourne autour des 5%, parfois un peu plus, parfois un peu moins. Les deux partis ont d’ailleurs dit leur intention de faire invalider par la Cour constitutionnelle cette réforme qui "méprise les électeurs et la démocratie".

En Italie, une réforme déjà en place

En Italie, la réduction a déjà été opérée, après une réforme en 2020 qui a réduit d'un tiers l'effectif du Parlement italien avec la nouvelle législature à l'automne 2022. Les députés italiens sont donc passés de 630 à 400 sièges et les 315 sénateurs ne sont plus que 200. Désormais, chaque sénateur représente plus de 150 000 Italiens, soit le chiffre le plus élevé d’Europe.

Une réforme lancée par le gouvernement populiste et qui plaît aux Italiens, car ce sont eux qui ont eu le dernier mot avec un référendum, approuvé par plus de deux tiers des votants. Mais aussi une réforme qui était censée économiser 60 millions d'euros par an à l'Italie : dans les faits, les budgets des deux assemblés pèsent toujours aussi lourds. Et c’est tant mieux selon certains, car leur travail de parlementaires, lui, n’a pas été réduit d’un tiers.

Mais l'extrême-droite ne compte pas s'arrêter là, car Giorgia Meloni parle de présidentialisme : elle voudrait transformer le régime parlementaire italien, en régime présidentiel ou semi-présidentiel, comme en France. Un gros changement pour les Italiens, habitués à la figure d'un Président de la République – aujourd'hui Sergio Mattarella – non politisée car garante des institutions.

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