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La biodiversité en danger au Burkina Faso et au Kenya

Tous les jours, le club des correspondants décrit comment un même fait d'actualité s'illustre dans deux pays.

Article rédigé par franceinfo - Agnès Faivre et Charlotte Simonart
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
3 mai 2018. Kenya, Sindo. Des poissonniers attendent à l'aube, sur la plage principale du lac Victoria pour acheter du poisson.   (PICTURE ALLIANCE / GETTY IMAGES / GLORIA FORSTER)

Le plus grand lac d'Afrique se meurt à cause de la pollution. Ces derniers mois, des centaines de millions de poissons sont morts suite à la remontée subite des eaux profondes du lac polluées et toxiques. 

Pourtant, cela fait des décennies que les populations tentent d’alerter les autorités car ce lac, à cheval entre le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie, fait vivre plus de 40 millions de personnes. La baie de Kisumu est particulièrement touchée. Là-bas, se déversent chaque jour les eaux usées de la ville, troisième plus grande du pays, mais surtout les déchets chimiques et les engrais des industriels des alentours.

La situation côté kényan est dramatique pour les pêcheurs, si bien que depuis 2015, le pays importe des tilapias, du poisson blanc de Chine, pour répondre à la demande du marché. Une plante toxique prolifère aussi dans le lac et asphyxie les poissons. Résultat, aujourd’hui, les trois-quarts des espèces de ces eaux douces sont menacées.

Face à l’inaction des autorités, les populations se mobilisent dans les trois pays. Il y a par exemple des entreprises locales qui transforment les jacinthes d’eau en biogaz ou en charbon, ou encore des initiatives de recyclage de déchets du lac. Le mot d’ordre : sauver à tout prix le poumon économique d’Afrique de l’Est.

Au Burkina, des écrins de biodiversité choyés par les terroristes

Le parc du Warly-Pendjary s'étend sur plus de trois millions d'hectares. C'est la plus grande réserve d'éléphants d'Afrique de l'Ouest. Inscrit en 1996, au patrimoine mondial de l'Unesco, il se compose de prairies, de forêts galeries, de savanes boisées. Il est fréquenté notamment par des lamantins, des guépards, des lions, des léopards... ou plutôt était fréquenté, jusqu'à l'arrivée de groupes jihadistes venus du Mali en 2018.

Les groupes terroristes ont fait de cet espace qui s'étire au sud-est du Burkina Faso leur zone de confort. "Ils ont commencé à créer des couloirs à travers ces parcs pour leurs trafics divers, notamment de drogue, explique le spécialiste de l'extrémisme violent Mahamoudou Savadogo. Les zones de triples frontières, comme ici avec le Niger et le Bénin, sont très avantageuses pour eux. Dans le cas du trafic, par exemple, cela permet de prolonger les couloirs d’acheminement des produits du Sahara jusqu'aux pays côtiers."

Ces groupes terroristes offrent aussi une protection aux braconniers et la liberté d'exploiter les ressources sans être inquiétés par l'Etat. Longtemps chassés par le gouvernement, ces braconniers apprécient aujourd'hui de voir cette réserve de chasse et pêche échapper au contrôle de l'Etat. 

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