Quels sont les dispositifs censés favoriser la pratique sportive des élèves aux États-Unis, en Espagne et en Allemagne ?
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qu'il se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction les États-Unis, l'Espagne et l'Allemagne faire le point sur l'enseignement de l’éducation physique et sportive.
En France, la semaine olympique et paralympique à l'école qui a lieu dans le cadre des Jeux de Paris 2024 débute lundi 24 janvier. L'idée générale reste de promouvoir le sport, auprès des enfants. Parfois considérée comme la cinquième roue du carrosse, la pratique sportive à l'école est souvent, en France, jugée, insuffisante. Il existe néanmoins le dispositif "30 minutes d'activité physique" chaque jour. Lancé par le gouvernement en 2021, il doit être généralisé à toutes les classes d'ici 2024. La situation est-elle comparable aux États-Unis, en Espagne et en Allemange. Tour d'horizon.
Aux États-Unis, une situation paradoxale
Aux États-Unis, les milliards de dollars brassés par le sport universitaire sont l'arbre qui cache la forêt. L’éducation physique et sportive à l’école apparaît comme sous-pratiquée par les petits américains. Les autorités fédérales ne dictent pas la loi mais donnent seulement des recommandations : à savoir, soixante minutes d’activité à l’école ou en dehors, chaque jour. Libre ensuite aux autorités locales de fixer les règles.
En réalité moins d’un quart des jeunes de 6 à 17 ans font du sport une heure par jour en moyenne. Plusieurs raisons sont invoquées pour expliquer ce faible niveau de pratique sportive. Il y a ,par exemple dans la majorité des États, la possibilité d’obtenir des dispenses, et même de remplacer ,au lycée, le sport par une autre matière. Quant aux activités sportives extra-scolaires, elles ne sont pas accessibles à tous. Ce qui est synonyme de fortes disparités.
C'est évidemment un problème alors que parallèlement 20% des américains âgés de 2 à 19 ans sont considérés comme obèses. Le chiffre augmente depuis des décennies et il est plus élevé chez les afro-américains et les hispaniques. Il y a pourtant des initiatives du gouvernement, comme le programme "Let’s Move" créé en 2010. Ce programme, très médiatisé, porté notamment par l’ex-première dame Michelle Obama était destiné à réduire drastiquement l’obésité chez les enfants d’ici 2030.
Depuis, pourtant, la situation a empiré. Un paradoxe, en apparence, dans un pays où les terrains de basket ou de baseball sont légions et les sportifs célébrés dès le plus jeune âge.
En Espagne, l’enseignement périscolaire très répandu
C’est ce qu’on appelle ici “las extraescolares”, toutes les activités qui viennent en prolongement des heures d’école. Et le sport fait partie des activités les plus répandues, aussi bien dans les écoles publiques, privées et subventionnées. La plupart des enfants suivent ainsi des cours de karaté, de foot, de basket ou d’athlétisme après leur journée scolaire mais dans l’enceinte de l’école, ce qui est très pratique pour les élèves qui n’ont pas à se déplacer pour faire du sport. Par ailleurs, ces cours sont souvent dispensés par des profs qui font partie des clubs et associations sportives de leur ville, ce qui garantit également la qualité de l'enseignement.
En Espagne, les écoles entretiennent donc souvent des liens étroits avec les clubs. Prenons le cas, par exemple, de la ville d’Algete, située au nord de Madrid avec plus de 20.000 habitants. Grâce à la collaboration entre la mairie, les clubs sportifs municipaux et les établissements scolaires, les enfants peuvent suivre cette année des cours de basket, de volley, de patinage, de tennis, de foot, de judo ou de gymnastique dans les différentes écoles publiques de la ville, et les prix sont la plupart du temps très abordables. En outre, les élèves peuvent être fédérés et participer avec leur club aux championnats qui ont lieu les week-ends. Un système très développé également dans les écoles privées et subventionnées, qui ont leurs propres clubs qui participent aussi à ces championnats locaux.
En Allemagne, la fin du modèle cours le matin, sport l'après-midi
Les activités sportives et musicales restent très importantes pour les familles allemandes, même si elles sont en recul. Il faut savoir que dans le système de notation allemand, sport et musique ont la même valeur que les autres matières, telles que les mathématiques, l'allemand ou l'anglais. L'équivalent d'un 8 sur 20 en sport et en musique entraîne un redoublement. Ça en dit long sur l'importance accordée au périscolaire dans le pays. Et l'idéal demeure que chaque enfant pratique un sport et joue d'un instrument de musique. En réalité, le temps passé à l'école par les élèves s'allonge en Allemagne depuis plus de 10 ans. Les activités périscolaires en souffrent.
Au quotidien, la journée scolaire ne s'arrête plus à midi. De nombreuses études ont révélé que le modèle traditionnel -école le matin, sport l'après-midi- aggravait les inégalités sociales. Les enfants des classes défavorisées étaient plutôt livrés à eux même l'après-midi. Surtout, ils passaient trop peu de temps à l'école pour combler certaines lacunes de connaissance. Autre inconvénient de ce modèle: il était largement responsable du très faible taux d'activité féminine puisque, le plus souvent, les mères préparaient les repas du midi avant de conduire les enfants à l'école de musique ou au club de foot.
Déjà du temps de Gerhard Schröder, l'Allemagne a commencé à tourner le dos à son modèle. Avec Angela Merkel, le changement s'est accéléré. De plus en plus d'établissements scolaires disposent désormais de cantine, offrent un système de garde et de prise en charge des devoirs l'après-midi et organisent les fameuses activités périscolaires toujours très prisées des parents. Résultat, en Allemagne aussi, le rythme de l'enfant passe au second plan.
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