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Rallongement du congé paternité : à quoi ont droit les pères ou seconds parents espagnols, suédois et japonais ?

En France, le congé paternité vient d'être rallongé, passant de 14 à 28 jours ce jeudi 1er juillet 2021. L'Hexagone semble ainsi plus avancé que le Japon, mais reste à la traîne comparé aux voisins espagnols et suédois. 

Article rédigé par franceinfo, Marie-Hélène Ballestero, Frédéric Faux - Karyn Nishimura
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
En Suède, les pères ou second parents se partagent 480 jours de congès. Mais les mères prennent en moyenne la grande majorité de ces jours, 80%.  (JONATHAN NACKSTRAND / AFP)

Le congé paternité devient deux fois plus long en France. Il passe ce jeudi 1er juillet 2021 de 14 à 28 jours, dont sept obligatoires. Cette réforme sociétale était attendue de longue date, pour permettre aux pères de s'investir davantage dans l'éducation de leurs nouveaux-nés. La France reste loin derrière la Suède, pionnière en matière de congé parental et l'Espagne, qui impose depuis 2019 un congé paternité de 16 semaines, intransférable à l'autre parent. En revanche, les Japonais ont beaucoup de mal à quitter leurs collègues pour s'occuper de leurs bébés.

En Espagne, 16 semaines, pas moins

En Espagne, depuis le 1er janvier 2021, le congé paternité dure 16 semaines. Soit une durée équivalente à celui accordé aux mères. Il est rémunéré à hauteur de 100% du salaire et non transférable à l'autre parent. Si le père n'en profite pas, il perd ce droit. Il est composé d'une première période qui débute dès la naissance de l'enfant : six semaines, obligatoires, ininterrompues, en journées complètes. Quant aux dix semaines restantes, elles peuvent être réparties sur les douze mois suivant la naissance ou l'adoption, et peuvent être utilisées à temps partiel. 

Avec ces 16 semaines de congé paternité, l'Espagne a pris une longueur d'avance en Europe. Selon le site Internet d'informations elDiario.es, c'est désormais le premier pays au monde à disposer d'un congé de quatre mois pour chacun des deux parents, à égalité, intransférable et rémunéré à 100%. 

Ces évolutions sont récentes. Jusqu'en 2004, les pères espagnols n'avaient droit qu'à 48 heures, et en 2017, à quatre semaines. C'est le gouvernement de Pedro Sanchez, qui, en mars 2019, a changé la législation espagnole afin de garantir progressivement une égalité parfaite du nombre de jours de congés entre les parents, et de favoriser ainsi la coresponsabilité vis-à-vis de l'éducation des enfants.

En Suède, un congé très long, inégalement pris

La Suède est un des pays les plus généreux en la matière. Là-bas, on parle plus globablement de congé parental, car on ne fait pas la différence entre les pères et les mères. N'importe quel expatrié qui découvre cet avantage social trouve que le pays scandinave est le paradis des parents. Ils peuvent se partager 480 jours de congés, pendant lesquels ils reçoivent 80% de leur salaire. 

Le système est très souple : vous pouvez par exemple vous mettre à mi-temps pendant les deux premières années de votre enfant, et économiser ainsi des jours à prendre quand il sera plus grand. Et que vous soyez le père ou la mère biologique, ou bien une autre personne déclarée en tant que parent dans le cadre d'une famille recomposée, ou de couples de même sexe. 

Mais l'image de jeunes pères promenant leur nouveau-né dans les parcs en pleine semaine est trompeuse. Les mères prennent encore 80% des jours de congés parentaux. Même si un certain nombre de jours (trois mois) sont réservés à un seul des deux parents, pour éviter que les pères ne "donnent" tous leurs congés aux mères. Concrètement, cela se traduit par le fait qu'elles sont absentes de la vie active durant 14 mois en moyenne, contre quatre pour les pères. 

La courbe évolue vers plus d'égalité, mais il faudra de longues années, ou d'autres lois incitatives, pour que les papas rattrapent leur retard.

Au Japon, les pères restent au travail

Au Japon, pays que l'on dit souvent en retard dans le partage des tâches parentales aux dépens des mères, il existe un congé paternel d'éducation depuis très longtemps. Les hommes peuvent prendre quelques jours, semaines ou mois en une fois, jusqu'à ce que l'enfant atteigne un an. Ils sont rémunérés à hauteur de 67% de leur salaire, non imposable, puis dégressif après six mois de congés. 

Mais plus de 90% des pères n'utilisent pas du tout ce droit, car s'absenter de l'entreprise pour des vacances ou la naissance d'un enfant revient à causer des tracas aux collègues. Les Japonais l'évitent tant qu'ils le peuvent.

La jeune maman est souvent aidée par sa propre mère dans les premières semaines suivant une naissance. Il est même fréquent que l'accouchement ait lieu dans une maternité proche du domicile des grands-parents. C'est la tradition du "satogaeri". Sauf qu'avec les mariages tardifs et des mères qui donnent naissance à leur premier enfant de plus en plus tard, les grands-parents sont trop âgés pour jouer ce rôle et la présence du père s'impose davantage.

Cette situation préoccupe le gouvernement, qui vient de décider d'un nouveau congé paternité. Il entre en vigueur en 2022. Les pères seront incités à prendre jusqu'à quatre semaines dans les deux mois suivant la naissance, en une ou deux fois, avec une rémunération à hauteur des deux tiers du salaire, non imposable. Un préavis de deux semaines suffira et il sera permis de travailler un peu durant ce congé. 

Statistiquement, la proportion de pères prenant du temps pour leur enfant devrait grimper. Le gouvernement vise près d'un père sur trois à horizon 2025. 

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