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Les produits "premiers prix" des distributeurs : les bonnes affaires, les produits à éviter, que valent-ils vraiment ?

On l’a tous remarqué, avec l’inflation, les prix des produits alimentaires augmentent, et de plus en plus de consommateurs se ruent sur les premiers prix des distributeurs.
Article rédigé par Catherine Pottier, Ersin Leibowitch
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les prix flambent, même sur les produits "premiers prix" des distributeurs. (Illustration) (CEMILE BINGOL / DIGITAL VISION VECTORS / GETTY IMAGES)

En huit mois, les ventes des premiers prix des distributeurs ont augmenté de 20%, alors que celles des grandes marques nationales ont chuté de 4%. Décryptage avec Sophie Coisne, rédactrice en chef adjointe du magazine 60 Millions de consommateurs, qui sort un nouveau hors-série sur les premiers prix de l'alimentaire et qui a passé au crible plus de 110 produits premiers prix.

franceinfo : Déjà, est-ce que les prix sont vraiment plus intéressants que ceux des grandes marques nationales ?

Sophie Coisne : Alors, on parle ici de ces produits dont l'emballage est hyper basique, blanc, qu'on trouve souvent en bas des rayons. Tous les distributeurs ont leurs marques premier prix, et ils sont en moyenne 40 à 50% moins cher que les marques nationales. Alors concrètement, le kilo de coquillettes sera à 1,28 euro contre 2,5 euros, pour une marque nationale par exemple, le paquet de farine a 0,74 euros contre 1,34 euros pour de la farine de blé de base, d'une grande marque.

Le problème, c'est l'aspect nutritionnel. Ça peut passer pour les produits de base apparemment, mais c'est plus compliqué pour les produits élaborés ? 

Oui, il y a vraiment de très mauvaises surprises, comme le jambon premier prix, qui contient forcément des nitrites. Il s'agit d'un conservateur qui favorise le cancer colorectal. Les pains au chocolat ont jusqu'à 10 additifs ou les flancs au caramel, chez certains distributeurs, contiennent peu de lait et un faux caramel, à base de sirop de glucose, fructose. Donc vraiment pas terrible pour la santé.

Et c'est encore plus vrai pour les produits frais. Il est très difficile de trouver des fruits ou des légumes à bas prix et de bonne qualité. Or, ce sont des produits importants pour la santé, on le sait. Une nouvelle fois, ce sont les petits budgets qui trinquent ?

C'est effectivement un des enseignements de notre enquête, sur la variété des produits dans ses gammes. Sur les quatre enseignes étudiées, seules deux proposent des fruits et légumes frais, dans leur gamme petits prix, avec les incontournables fruits et légumes de saison, quelques surgelés et puis surtout des boîtes de conserves. C'est un problème, parce que toutes les études montrent que, dès qu'on a un budget alimentaire serré, ce sont sur les fruits et légumes qu'on rogne, parce qu'ils sont plus chers.

Ce qu'on remarque aussi, c'est que les offres sont limitées pour les premiers prix. Pourquoi ?

Ce sont des basiques. Donc, vous aurez des crèmes dessert par exemple, mais seulement dans un seul parfum. Ca permet de maintenir les prix très bas pour l'industriel, parce que, de manière générale, il a besoin de produire des gros volumes.

Les distributeurs sont-ils aussi v ertueux qu'ils veulent bien le dire ? Réduire le poids d'un produit, par exemple, tout en maintenant son prix, ça existe aussi pour les produits à bas prix ?

Ah oui, là aussi, une autre enquête a montré que l'inflation masquée existait pour les tout petits prix. C'est comme ça qu'un distributeur qui avait flagellé les grandes marques qui l'avaient fait en septembre le fait lui-même, sur une bouteille de jus d'orange, par exemple, qui passe de 1 litre à 90 centilitres, sans diminuer son prix. De même, il est réduit de quelques centimètres carrés la taille de ses mouchoirs en papier.

En fait, cette quête des prix bas est parfois une aubaine pour les distributeurs...

Absolument, d'abord parce que ce sont des marques qui sont très prisées, et de plus en plus prisées des Français, avec 20% d'augmentation en quelques mois, et puis ces prix bas ont migré dans les rayons. Désormais, ils peuvent être parfois à hauteur des yeux, alors que jusqu'à maintenant, ils étaient au niveau des pieds.

Ils font partie parfois des catalogues de promotions, et enfin, ils permettent de faire une belle marge quand même pour les distributeurs. C'est comme ça qu'on a vu, dès le début de l'inflation, ces prix augmenter fortement. Ils avaient pris 16%, avant même que les marques nationales augmentent.

Est-ce qu'il y a des produits à éviter à tout prix ? Et à l'inverse, est-ce qu'il y a des produits qui se valent ?

Pour les produits qui se valent, ça ne vaut évidemment que pour les produits que nous avons étudiés. Reste au consommateur à voir aussi de son côté. Pour les produits qui se valent, ce sont beaucoup les produits bruts : le sel, le sucre, la farine, les coquillettes, tout ce qui est peu transformé. Là, effectivement, les petits prix rivalisent avec les marques, parce qu'ils n'ont pas forcément besoin de technicité trop grande.

En revanche, les très mauvaises surprises, le jambon premier prix, c'est vraiment pas terrible. Et puis les produits animaliers, d'une manière générale, il y a beaucoup moins de garanties sur l'alimentation de ces animaux, par exemple, y-a-t-il des OGM dans les céréales, des poules ? Ça, on ne le sait pas. Donc ça, c'est quelque chose à regarder quand même.

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