Mal de dos : pour aller mieux, des préjugés et des croyances à combattre
"Halte aux fausses promesses et aux produits miracles" alerte le magazine "60 Millions de consommateurs" dans un nouveau hors-série sur le mal de dos. Une vingtaine d'experts ont été réunis pour vous guider dans le choix de thérapies proposées pour ce mal du siècle, et dont certaines peuvent vous mettre en danger.
On s'intéresse aujourd'hui à un mal de notre temps, le mal de dos, avec Sophie Coisne qui a supervisé le hors-série du magazine 60 Millions de consommateurs. Un dossier très complet de 120 pages qui vient de sortir, dévoile toutes les fausses croyances et idées reçues sur le mal de dos, et nous guide aussi pour lutter efficacement contre cette souffrance physique.
franceinfo : Le mal de dos, vous montrez que c'est un problème très répandu aujourd'hui, et surtout quand on en souffre, on est un peu perdu. Il y a beaucoup de croyances, des gens à combattre ?
Sophie Coisne : Alors effectivement, on dit que 84% de la population française souffre ou souffrira un jour du dos. Donc, c'est très répandu. Et le problème, c'est que souvent, quand on a mal au dos, on a des croyances qui vont ralentir la guérison. Et une des grandes croyances à combattre est liée à la peur de bouger. Ah, j'ai très mal au dos et cela va empirer si je bouge, si je fais le moindre mouvement.
Et en fait, c'est tout le contraire. Le mouvement, l'exercice physique, on le sait aujourd'hui, c'est la clé de la guérison de la majorité des problèmes de dos. Et même si on a mal, il faut bouger un peu. Alors, pas faire du sport intensif, mais marcher, faire bouger ses bras, etc. En revanche, il faut faire les bons mouvements. Par exemple, faire des abdos et du gainage ne vous aidera en aucun cas à avoir un dos solide.
Faire la chasse aux croyances, faire la chasse aux marchands de rêves aussi. C'est un des messages que vous voulez faire passer. Pourquoi ?
Mais oui, parce que vous savez, la douleur nous rend fragiles. Et on a tellement hâte de se débarrasser de son mal de dos que nous sommes prêts à accepter tout et n'importe quoi, de tout tester, tout acheter, y compris un certain nombre de produits qui sont très bien vantés sur Internet et qui sont parfaitement inefficaces.
Justement, vous avez testé plein de produits et si on doit faire le tri, lesquels sont bons et lesquels sont inutiles, voire même des arnaques ?
Alors effectivement, on a demandé à des experts d'évaluer une soixantaine de produits pour améliorer la posture, masser, bouger, dormir, se soigner sans ordonnance. Et sur ces 60 produits, il n'y en a que 21 qui ont un intérêt, donc un sur trois.
Alors, ceux qui ont un intérêt, pour la plupart d'entre eux, ce sont des objets qui permettent de remettre le corps en mouvement. On revient toujours à cet essentiel. Donc un ballon de gymnastique, un rameur, un bâton de gym, des élastiques et à l'inverse, beaucoup d'objets sont dénués d'efficacité.
Et on n'a jamais prouvé, par des études scientifiques fiables et sérieuses, qu'ils pouvaient être utiles. C'est le cas, par exemple, des T-shirts correcteurs de posture ou de la ceinture lombaire magnétique. Le magnétisme, c'est séduisant comme ça dans l'idée, mais ça ne fonctionne pas.
Au bout d'un moment, si le mal de dos devient chronique, il faut aller voir un médecin, un professionnel de santé. Mais là, la question à se poser, c'est lequel ? Parce qu'on a l'embarras du choix...
Effectivement, on a l'embarras du choix. Un mal de dos chronique, c'est un mal de dos qui va durer plus de trois mois. C'est le cas pour un patient sur 20 qui a mal au dos. La prise en charge, elle, doit être pluridisciplinaire. Le patient doit à la fois faire des exercices de rééducation avec un kiné, sous forme d'exercices actifs. Pas des massages, mais vraiment des exercices où on mobilise les muscles. En général, un travail psychologique également pour lutter contre le stress, l'anxiété, travailler sur le vécu de la personne, parce que ça agit également sur le dos et la douleur.
Et aussi que le patient apprenne les bons gestes pour épargner son dos et pour qu'il n'y ait pas de récidive. Alors, tout ça, c'est souvent orchestré d'abord par le médecin traitant, qui envoie le patient dans certains services hospitaliers qui mettent en place toute cette équipe pluridisciplinaire ou dans une école du dos. Alors, vous me demanderez : comment est-ce qu'on sait qu'une école du dos est fiable ? Eh bien, c'est très simple. Si la structure vous propose de l'activité physique comme traitement principal, c'est une structure fiable.
Et si, après toutes ces prises en charge, le mal de dos ne passe vraiment pas. En dernier recours ce que vous évoquez, c'est la chirurgie. Dans quels cas est-ce qu'il faut opter pour la chirurgie ?
Il faut garder en tête que la chirurgie ne doit arriver qu'en dernier recours, après la rééducation, et après échec du traitement médical bien conduit. Quand vous avez épuisé tous les recours, n'hésitez pas à questionner le médecin, le chirurgien sur les taux de réussite de la chirurgie proposée et sur ces risques. Et ce n'est pas parce qu'on n'est pas expert de la santé, qu'on ne peut pas faire jouer son esprit critique, même lorsque ce sont des chirurgiens qui vous parlent.
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