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Poêles antiadhésives : sont-elles sûres ?

Tout savoir sur les poêles antiadhésives. Le magazine "60 Millions de consommateurs" a testé neuf modèles antiadhésifs et cinq modèles en acier et évalué de nombreux critères. Respectent-elles notre santé et l’environnement ? Quels sont les meilleurs modèles ?  Les résultats ne sont pas si simples. 

Article rédigé par franceinfo, Jules de Kiss, Ersin Leibowitch
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Pouvons-nous faire croire à la non toxicité des poêles antiadhésives ? Une enquête du magazine "60 Millions de consommateurs" réclament une vraie transparence. (Illustration) (REDA&CO / UNIVERSAL IMAGES GROUP EDITORIAL / GETTY IMAGES)

Amine Meslem, journaliste à 60 Millions de consommateurs nous invite à filer en cuisine à l'approche du déjeuner. Dans le tout nouveau numéro d'avril, il signe un dossier sur les poêles antiadhésives : " Les poêles sur le gril, on les veut sans toxiques". 

franceinfo : Sont-elles sûres ? C'est la grande question que vous posez en titre. Pourquoi faudrait-il s'inquiéter ?

Amine Meslem : Le sujet est sensible en raison des soupçons pesant sur le polytétrafluoroéthylène ou PTFE, plus connu sous le nom de téflon. En cause, un composé chimique utilisé durant des décennies dans sa fabrication : l’acide pentadécafluorooctanoïque ou PFOA. Ce dernier peut en effet altérer le développement des fœtus, affaiblir le système immunitaire et augmenter le risque de développer des maladies cardiovasculaires, des cancers du rein ou des testicules.
 
Comme le PFOA est dangereux, il est interdit. Que disent vos tests ? Est-ce que toutes les marques l'ont vraiment banni ?

Depuis le 4 juillet 2020, un règlement européen interdit la fabrication de cet élément, et son utilisation dans les articles de consommation courante. Les fabricants assurent que les matériaux utilisés ne posent plus aucun risque sanitaire. Mais lors de nos tests, nous observé que trois poêles dotées d’un revêtement de type téflon libéraient du PFOA dans la nourriture. Les quantités détectées étaient toutefois très faibles. Ce qui nous laisse penser que le PFOA n’a probablement pas été utilisé dans la fabrication.

Sa présence est peut-être due à une pollution introduite lors de la conception, le conditionnement ou le transport des poêles. La réglementation européenne tolère d’ailleurs sa présence, non intentionnelle, à l'état de traces dans les articles. Il n’en reste pas moins que ce composé toxique a été détecté sur trois modèles alors même que ceux-ci portent la mention "sans PFOA".

Est-ce que nos poêles libèrent d'autres composés qui méritent d'être surveillés ?

Oui, nous avons également détecté la libération de substances qui sont de la même famille que le PFOA sur certaines poêles antiadhésives. Il s’agit de composés perfluorés qui, s’ils ne sont pas interdits, sont suspectés d’avoir des effets toxiques comme le PFOSA ou le PFHxA. Sur un modèle, on a aussi observé la migration d’aluminium dans la nourriture.

Quant aux poêles en acier sans revêtement antiadhésifs, on a constaté qu’elles dégageaient toutes du fer. Il y en a même une, en acier non inoxydable, qui dépassait largement le seuil réglementaire.
 
Globalement est-ce qu'on peut dire aujourd'hui qu'il n'y a pas de quoi avoir peur au moment de cuire un oeuf au plat ? On peut utiliser nos poêles antiadhésives ?

Il n’y a pas d’alerte sanitaire, car les substances incriminées ont été détectées à des niveaux généralement très inférieurs aux seuils autorisés. Mais ces résultats sont tout de même préoccupants. D’autant que les poêles sont majoritairement dénuées de toute information sur la composition de leur revêtement. De surcroît, certains produits affichent l’allégation "garanti sans PFOA" alors que nos analyses montrent qu’ils peuvent en contenir. Ce manque de transparence pénalise incontestablement la liberté de choix du consommateur et occulte le risque toxique potentiel.

Est-ce que la manière dont on utilise notre poêle, avec des ustensiles qui rayent, en la lavant un peu n'importe comment avec des chocs thermiques, etc. peut accroître les quelques risques liés à l'utilisation de poêles antiadhésives ?

Pour éviter d’user prématurément leur revêtement antiadhésif, il faut prendre quelques précautions. Déjà, ne laissez pas la poêle chauffer quelques minutes à vide au risque d’endommager le fond. Déposez-y les aliments ou la matière grasse le plus vite possible, voire avant d’allumer la source de chaleur. Augmentez ensuite progressivement celle-ci jusqu’à la température souhaitée.

Afin de ne pas rayer le revêtement, privilégiez les ustensiles en bois ou en silicone. Une fois la cuisson terminée, laissez la poêle refroidir avant de la passer sous l’eau pour éviter les chocs thermiques. Plutôt que de la mettre au lave-vaisselle, lavez-la à la main avec une éponge non abrasive.

Vous consacrez un petit encart à cette question : Quand faut-il changer sa poêle antiadhésive ?

Certains fabricants disent qu’il faut les changer au bout de cinq ans. Mais la seule règle qui prévaut, c’est l’intégrité du revêtement. Si celui-ci est rayé, alors il faut se débarrasser de la poêle. Malheureusement, il n’existe pas encore de filière dédiée à leur recyclage. Mais certaines marques organisent parfois des collectes pour les recycler, en partenariat avec des enseignes.

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