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Le débrief politique. Avis de gros temps sur le gouvernement

Une enquête de Radio France à J-3 des législatives, le Modem en première ligne, les réactions à droite et à gauche et le retrait d'un candidat LR... Tout ce qu'il ne fallait pas rater dans l'actualité politique de jeudi 8 juin avec Yaël Goosz. 

Article rédigé par franceinfo, Yaël Goosz
Radio France
Publié
Temps de lecture : 8min
François Bayrou et Marielle de Sarnez, en juin 2016, à l'Elysée. (MAXPPP)

Les assistants parlementaires du Modem

Les législatives 2017 seront-elles le long fleuve tranquille de La République en marche ? "Emmanuel Macron attend sereinement la vague, voire le tsunami", titrait une dépêche d'agence publiée en début d'après-midi... avant les révélations de la cellule investigations de Radio France. Il est trop tôt pour dire si cela peut influer sur le coefficient de la marée dimanche mais politiquement c'est un avis de gros temps sur Emmanuel Macron. Et surtout sur son garde des Sceaux, François Bayrou, et les deux autres ministres Modem du gouvernement, Marielle de Sarnez (Modem) et Sylvie Goulard (ex-Modem).

Y a-t-il eu un "système" de financement du Modem par ses députés européens ? Était-il normal qu'entre 2009 et 2014, une dizaine de salariés travaillant pour le siège du parti soient en même temps des collaborateurs de parlementaires Modem à Bruxelles ? Une standardiste employée à mi-temps comme assistante,
d'autres censés travailler en circonscription mais en réalité affectés aux bureaux parisiens du Modem. Les langues se délient et l'un de ces ex-assistants, vient de faire un signalement auprès du parquet de Paris.

Ces pratiques ont déjà été dénoncées par le passé dans Les mains propres, publié en 2014 par l'ex-eurodéputée Modem Corinne Lepage. Celle-ci n'est pas du tout surprise par ces nouvelles révélations : "L'organisation qui a été mise en place est quand même beaucoup plus raffinée, si je puis dire, puisque que c'est des temps partiels. Et donc, dans le temps partiel, il est normal de travailler pour ses deux employeurs. La question qu'il faut évidemment se poser c'est celle de savoir si les rémunérations correspondent bien aux différents temps passés pour les différentes structures et s'il y a un travail réel pour la structure parlement européen."

Bayrou en première ligne

Cela tombe évidemment au mauvais moment pour un gouvernement tout neuf engagé dans la bataille des législatives et qui a fait de la probité l'alpha et l'oméga de son discours. L'image est déjà écornée par l'affaire Ferrand. Cette fois, c'est un garde des Sceaux et président de parti, François Bayrou, qui est en première ligne. Sa loi de moralisation de la vie publique sera même au menu du prochain conseil des ministres, mercredi, pour en finir avec les vieilles pratiques. Problème : les rétroviseurs peuvent parfois se transformer en boomerangs.

Au Modem, la réaction est venue par communiqué. Le parti de François Bayrou réaffirme que tout est légal et que les collaborateurs concernés ont travaillé à temps partiel pour le Modem et parfois pour des députés européens. "Partage d'activités", explique la formation centriste qui joue la carte de la transparence et rappelle que les contrats de travail et les fiches de paie des salariés ont été remis à la justice et qu'ils sont consultables.

Réaction ou silence ?

Circulez, y'a rien à voir ? Ce n'est pas l'avis de tout le monde. C'est la campagne, et, forcément, ça fait du bruit. Pour le secrétaire général du parti LR, Bernard Accoyer, la question du retrait des trois ministres concernée est d'ores et déjà posée : "La question se pose, oui. Le président de la République devrait mettre ses actes en conformité avec ses engagements et donc la mise en retrait de ces trois membres du gouvernement devrait au moins être abordée en toute transparence." L'affaire Fillon a plombé la campagne présidentielle alors autant ne pas se gêner à trois jours des législatives.

À gauche, Luc Carvounas, l'un des porte-parole du PS pour cette campagne, estime que "le garde des Sceaux doit lever le doute sur sa petite formation politique qui s'apprête à avoir 40, 50, 60 députés peut-être demain forts de cette coalition avec La République en marche". Selon lui, "ce qui vaut pour les uns doit valoir pour les autres." Les affaires réelles ou supposées peuvent-elles de nouveau peser dans les urnes dimanche, il y en a que cette perspective semble effrayer. Ils ne veulent pas être suspectés d'instrumentalisation. "Déjà que les gens sont perdus", explique une ancienne ministre socialiste qui met en avant un "devoir de réserve". Un autre responsable PS relativise : "Il fut un temps où tout le monde faisait pareil". Le problème c'est qu'ils se sont pris au jeu de la transparence et que, à ce jeu-là, il y a toujours meilleur que soi.

Et les regards se tournent vers le Front national puisque c'est lui -plus précisément l'eurodéputée frontiste Sophie Montel- qui avait dénoncé les pratiques d'une vingtaine de collègues, dont Marielle de Sarnez. Une enquête est ouverte depuis la semaine dernière pour vérifier les allégations. L'arrosé qui veut devenir arroseur, puisque le FN est lui-même visé par une double procédure en France et au parlement européen pour des soupçons d'emplois fictifs. La cheffe est en meeting à Calais ce jeudi soir. Elle y a fait plus de 55% des suffrages au second tour de la présidentielle. Marine Le Pen ne compte pas exploiter l'affaire. "Les affaires, inutile d'en faire un argument de campagne", dit-on au sein du parti.

Retour sur le terrain pour Emmanuel Macron

L'Élysée se tient à distance de tout ça, comme sur l'affaire Ferrand. L'actu du jour à l'Élysée c'est l'officialisation du site makeourplanetgreagain.fr pour attirer les chercheurs américains qui souffrent de Donald Trump et de ses positions climato-sceptiques.

Ce vendredi, retour sur le terrain pour Emmanuel Macron. Le président de la République sera à Limoges : les GM&S n'ont toujours pas de repreneur alors ils ont demandé à voir le chef de l'État. Rencontre calée vendredi soir à la sous-préfecture de Bellac.

Mélenchon, l'interview fleuve

Jean-Luc Mélenchon se confie au magazine Society. Interview fleuve dans laquelle l'ex-candidat de La France insoumise confie avoir vraiment cru qu'il pourrait l'emporter au second tour. "J'étais persuadé que j'aurais plié n'importe qui. Macron inclus." Face à une éventuelle majorité Macron, il promet "une baston méchante" et le "surgissement d'une contre-société", celle d'un "peuple" devenu "réseau".

La note du débrief : la note du désespoir

La note du désespoir face à la vague Macron pour Frédéric Lefebvre, ex porte-flingue de Nicolas Sarkozy, député sortant des Français de l'étranger et candidat LR en très grande difficulté en Amérique du Nord. Le macronniste Roland Lescure a fait 52% au premier tour, contre 12% pour Frédéric Lefebvre. Alors, vite ! Il faut faire oublier son étiquette LR.

"La vérité, j'ai voté pour Emmanuel Macron au premier tour [de la présidentielle, ndlr], a reconnu Frédéric Lefebvre, invité du 8h30 Aphatie sur franceinfo. C'est une forme de contradiction qui n'en est pas une. J'ai cru, sincèrement, pendant de nombreux mois et de nombreuses années que j'arriverais à faire changer cette formation politique de l'intérieur." Je suis plus macroniste que le macroniste... dur, dur de résister à la vague quand d'autres surfent dessus.

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