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Le débrief politique. Campagne sous haute sécurité

Sécurité renforcée dans la campagne après l'attentat déjoué et la récupération politique n'est pas loin, Nicolas Sarkozy appelle (encore) à voter François Fillon, six hologrammes pour Jean-Luc Mélenchon... Tout ce qu'il ne fallait pas rater dans l'actualité politique de mardi 18 avril avec Yael Goosz.

Article rédigé par franceinfo, Yaël Goosz
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Des policiers près de la gare Lille Europe, à Lille, en 2017 (image d'illustration). (SEBASTIEN JARRY / MAXPPP)

Une campagne sous menace terroriste

On aurait tort de l'oublier, la France est en état d'urgence. 50 000 policiers et gendarmes seront mobilisés dimanche pour le premier tour de l'élection présidentielle. Un projet d'attentat a été déjoué, mardi 18 avril. Deux hommes ont été arrêtés à Marseille, ils préparaient un attentat "imminent". Contre qui ? Quelle était la cible ? La sécurité d'Emmanuel Macron, de Marine Le Pen et de François Fillon a été briefée dès jeudi par le SDLP, le service de protection des personnalités qui leur a signalé "une entreprise terroriste contre un gros candidat sur son QG", sans préciser de qui il s'agissait. Depuis, la sécurité a été renforcée.

Récupération politique

Avec cette affaire d'attentat déjoué, le terrain est glissant et la tentation de récupération politique est forte. Chez François Fillon, on fait savoir qu'il est en ligne directe avec Matignon. On lui a demandé lundi de porter un gilet pare-balles mais il a refusé. François Fillon c'est l'homme qui a écrit le livre Vaincre le totalitarisme islamique (éd. Albin Michel, 2016). Le candidat Les Républicains s'affiche comme un dur, déterminé, quand d'autres chercheraient une excuse sociale à la dérive terroriste. Suivez le regard des fillonnistes, le plus laxiste s'appellerait... Emmanuel Macron. La campagne n'est jamais loin ! Commentaire au QG d'En Marche : "Fillon se fait mousser, c'est lamentable". Tout ça, c'est "off".

Au micro, François Fillon dit qu'il ne change rien à sa campagne. "Je veux continuer à dérouler mon programme, assure le candidat à franceinfo. J'ai eu assez de mal à le dérouler depuis quelques semaines pour ne pas, aujourd'hui, faire passer devant les priorités des Français un fait-divers. Même si c'est le signe que le niveau de menace dans notre pays reste très élevé."

Et chez Marine Le Pen comment analyse-t-on ce projet d'attentat ? Je vous résume le propos, ça tient en trois phrases : les thèses du FN seraient "validées à 100%", "le gouvernement n'a rien fait" et "c'est un scénario à l'algérienne", en référence aux attentats du GIA contre la démocratie dans les années 90. Voilà qui conforte Marine Le Pen dans son retour aux fondamentaux. La candidate frontiste devrait amplifier, d'ici vendredi, ce discours anti-immigration très net. Quant à Benoit Hamon, il a réagi pour calmer le jeu. Ce n'est pas "un fait de campagne", selon lui.

Hamon fait étape à Toulouse

Le candidat socialiste est en meeting à Toulouse ce mardi. Juste avant, il s'est rendu aux Izards, un quartier populaire du nord de la ville rose où Mohamed Merah a passé son enfance. Une heure de discussion, parfois vive, avec les habitants notamment sur les violences policière."Quand je vois la police, je ne me sens pas en sécurité", affirme une mère de famille. Réponse de Benoît Hamon : "J'ai dénoncé, quand j'étais au gouvernement, les contrôles au faciès". 

Benoit Hamon peut compter sur le soutien de la maire de Paris. Anne Hidalgo appelle à voter selon ses "convictions" et non pas en fonction des sondages. 

Pour Fillon, Sarkozy ressort de l'ombre

C'est un petit coup de main qui arrive au bon moment pour François Fillon. Nicolas Sarkozy s'est exprimé pour la deuxième fois depuis son échec à la primaire de la droite et du centre en novembre dernier. "J'ai travaillé cinq ans avec François Fillon, il a été mon Premier ministre, je sais qu'on peut lui faire confiance, déclare l'ancien président de la République dans une vidéo publiée sur son compte Facebook. L'intérêt de la France impose à chacun d'entre nous de voter sans état d'âme pour François Fillon, c'est ce que je ferai." 

Nicolas Sarkozy doit rencontrer d'ici vendredi le candidat Les Républicains. La droite commence à faire bloc derrière François Fillon puisque son ancien rival, Alain Juppé, doit s'afficher avec lui ce mercredi.

La promesse de Macron

Pendant ce temps, les Whirpool se mobilisent : manifestation devant le siège du groupe à la Défense près de Paris. Emmanuel Macron promet de les rencontrer, mais seulement après le premier tour. "De toutes façons, même si je ne suis pas qualifié. Entre les deux tours, j'irai à Amiens qui est ma ville natale donc je les visiterai", assure le candidat de En Marche.

Mélenchon en multimeeting

C'est l'innovation technologique de cette campagne : le multimeeting signé Jean-Luc Mélenchon. Le candidat de La France insoumise est physiquement à Dijon, ce mardi, mais projeté en hologramme dans six autres villes, de Nantes à Nancy en passant par La Réunion et Grenoble. 

La note du débrief : 18/20 pour les équipes de Mélenchon

Une note purement technique : 18 sur 20 pour les équipes de La France insoumise. Avec ces hologrammes, la figure du meeting se trouve dépoussiérée et modernisée. Mais, rendons à César ce qui est César ou plutôt à Modi ce qui est à Modi. Mélenchon n'a pas inventé l'hologramme en politique. Le pionnier, c'est Narendra Modi, l'actuel Premier ministre de l'Inde. En 2014, il a utilisé les hologrammes pour gagner les élections. 

"Une fois, il a fait 90 meetings en hologramme de façon simultanée dans ce pays qui a quand même la taille d'un sous-continent, explique la chercheuse Ingrid Therwath à franceinfo. Son implication dans les pogroms antimusulmans de 2002 lui a valu d'être interdit de visa sur le territoire de l'Union européenne et aux États-Unis. Donc, pour pallier son interdiction, lui est venue l'idée d'utiliser l'hologramme. Il fait de la télépolitique". 90 hologrammes pour un seul meeting... Mélenchon est un petit joueur. 

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