Le débrief politique. Départs, recompositions et grandes manœuvres à tous les étages
Édouard Philippe qui prépare son nouveau gouvernement, scission chez les députés Les Républicains, la ruade de Jean-Marie Le Pen... Tout ce qu'il ne fallait pas rater dans l'actualité politique du mardi 20 juin avec Yaël Goosz
L'heure du tri dans le gouvernement
L'heure du départ pour certains, de l'arrivée pour d'autres : la composition du gouvernement Philippe 2 sera dévoilée mercredi 21 juin. Deux départs sont déjà annoncés : ceux de Richard Ferrand, le ministre de la Cohésion des Territoires, et de Sylvie Goulard, la ministre des Armées. Pourtant, à la sortie du dernier Conseil des ministres, le porte-parole gouvernement, Christophe Castaner, était convaincu qu'on prendrait les mêmes ou presque : "Il y aura un remaniement mais mon sentiment est que vous retrouverez certainement la totalité des membres du Conseil des ministres", assurait-il. C'est raté.
Après l'annonce de l'exfiltration de Richard Ferrand vers la présidence du groupe La République En Marche à l'Assemblée nationale, c'est donc le départ de Sylvie Goulard qui a été annoncé ce mardi 20 juin. Elle souhaite reprendre sa liberté pour pouvoir se défendre dans l'enquête sur les assistants parlementaires du Modem. À l'Élysée, on salue "la femme d'État", qui respecte tellement l'institution militaire qu'elle préfère prendre du champ pour ne pas nuir à la réputation de la grande muette. "Une exemplarité à suivre", dit même un proche du président de la République. Si les soupçons sont levés, elle pourra revenir.
"Macron va-t-il conserver son ministre de la justice ? Il semblerait que Marielle de Sarnez soit elle-même sur la sellette" @JFAchilli pic.twitter.com/WuhkYohchn
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Après ces deux départs, la pression est maximale sur Marielle de Sarnez et François Bayrou, les deux piliers historiques du Modem. Pour la ministre des Affaires Européennes, l'option sortie est envisagée : ce serait direction le groupe MoDem à l'Assemblée. Pour le garde des sceaux, en revanche, il n'est pas question de partir. D'ailleurs, sur le cas Goulard, François Bayrou répond qu'elle part pour "raisons" purement "personnelles".
À droite, la scission est en marche
Le risque couvait depuis le second tour des élections législatives, Les Républicains sont maintenant officiellement en marche vers une scission. Ainsi, la députée LR Laure de la Raudière, réélue en Eure-et-Loir, annonce la création d'un groupe de "constructifs", prêts à voter la confiance à Édouard Philippe, le 4 juillet. "Ce n'est pas un micro groupe", assure-t-elle. "On aura une force suffisamment importante pour exister dans toutes les commissions donc sur tous les sujets qui sont étudiés par le Parlement." L'objectif : rassembler 40 députés pour la constitution du groupe le lundi 26 juin, selon cette proche de Bruno Le Maire.
Cette scission a été actée au lendemain du second tour des élections législatives, lors d'un dîner organisé par le chef de file de ces "constructifs", Thierry Solère. L'ex-lemairiste a réuni autour de lui tous les tenors du parti qui se disent macro-compatibles. Ces chefs de file ont ensuite rassemblé leurs troupes pour grossir les rangs. Le groupe d'une quarantaine de députés pourrait être composé d'environ 25 élus Les Républicains et 15 parlementaires UDI. Conséquence : il y aura probablement deux groupes de droite à l'Assemblée : un groupe LR canal historique et un groupe composés des constructifs et des UDI. Ce dernier devrait être emmené par Thierry Solère.
Scission imminente à droite à l'Assemblée nationale: "Des gens qui n'ont aucune dignité" s'énerve Florence Portelli (maire LR) pic.twitter.com/q4LMwXYrhz
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Ce n'est pas la première fois qu'on voit des députés du même groupe parlementaire appartenir à des partis différents. Durant le dernier quinquennat, des écologistes ont siégé dans le groupe socialiste et des radicaux se sont appuyés sur des divers gauche pour compléter un groupe. Mais chez Les Républicains, la ligne rouge, c'est le vote de confiance ou de défiance le 4 juillet. Après cela, il y aura du départ volontaire ou de l'exclusion.
Le jour 1 pour les députés de La France Insoumise
Ils sont 17 à faire leur entrée au palais Bourbon : les députés de La France Insoumise sont arrivés ensemble mardi 20 juin rue de l'Université. Parmi eux, le leader du mouvement, Jean-Luc Mélenchon, qui occupe pour la première fois un poste de député. Il donne quelques conseils aux nouveaux élus : "N'en faites qu'à votre tête ! Faites comme vous le sentez." Il rappelle aussi qu'il a lui-même été un électron libre quand il était au Parlement, n'hésitant pas à voter contre son groupe. Mais il nuance : "J'ai mon caractère, tout le monde le sait, et je n'aime pas la pagaille."
C'est donc lui qui doit prendre les rennes du groupe et il s'engage à mener la vie dure à ce gouvernement qu'il juge "de droite". Sur son flanc gauche, la porte est toujours ouverte aux dix communistes mais le PCF ambitionne de créer son groupe. Le courant n'est jamais passé entre Jean-Luc Mélenchon et André Chassaigne, l'ex-patron du groupe communiste, réélu dimanche 18 juin.
Débriefing post-élections au Front national
La réunion du bureau politique du Front national au siège à Nanterre mardi 20 juin était la première depuis la fin de l'année dernière. Près de 11 millions de voix à l'élection présidentielle mais seulement huit députés : la contre-performance est évidente. Mais Marine Le Pen ne s'est exprimé qu'à huis clos après la réunion, ne donnant aucune réaction à la tentative d'intrusion de son père, Jean-Marie Le Pen, qui voulait s'inviter mais s'est retrouvé bloqué derrière les grilles fermées. Jean-Marie Le Pen qui, lui, ne s'est pas privé de dresser son propre bilan : "Dans ces conditions, on démissionne", assène-t-il. "Madame Le Pen ne souhaite avoir autour d'elle que des courtisans. Elle a horreur de la contradiction avec une tendance habituelle à faire reporter sur les autres les responsabilités qui sont les siennes."
Jean-Marie Le Pen interdit d'entrée au siège du FN, où se tient un bureau politique https://t.co/im5npNGZaq pic.twitter.com/yJtqQwxCTU
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Chez les cadres dirigeants du front, on oppose lassitude et indifférence aux propos du fondateur du Front national. Au cours du bureau politique, rien a été vraiment tranché sur la ligne du parti et Florian Philippot n'a pas été victime d'une purge : tout ça se règlera en congrès en février ou mars 2018. D'ici là, sept groupes de travail sont mis en place pour plancher sur la "refondation" du FN voulue par Marine Le Pen.
La note du débrief : 13/20 pour un répondeur
C'est une note qui pourrait progresser si elle est suivie d'effets. Pour faire vivre son vivier de 350 000 adhérents et ne pas perdre pied avec ses électeurs, La République En Marche a décidé de lancer un répondeur. Cette boîte à idée permet de consulter les adhérents et les électeurs au maximum. "Demander leur avis aux enfants parce qu'ils sont pragmatiques", "créer la journée de la fraternité" ou encore "organiser des classes de yoga dans toutes les écoles à partir de la maternelle" sont quelques exemple des messages déposés sur ce répondeur.
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