Le débrief politique. Macron et Le Pen, le mano a mano continue
Un chalutier et un match de foot pour les deux candidats, des rêves et des tensions chez Les Républicains, la Marine nationale qui largue des bulletins de vote... Tout ce qu'il ne fallait pas rater dans l'actualité politique de jeudi 27 avril avec Yael Goosz.
Capitaine Collard
J-10 entre Le Pen et Macron. Après le rodéo politique chez les Whirlpool, le mano a mano continue sur la terre et... sur mer. L'image du jour c'est Marine Le Pen sur un chalutier, à l'aube, au large du Grau du Roi (Gard). Grosse mise en scène avec son matelot Gilbert Collard qui joue les capitaine Haddock, le bonnet et la pipe à la bouche. Cap sur Nice ce jeudi soir, premier gros meeting de l'entre-deux-tours pour la candidate.
Avec #Marine au Grau-du-Roi pour la défense des pêcheurs et des beaux et durs métiers de la mer. pic.twitter.com/3juvTPo8Gq
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) 27 avril 2017
La note des affaires au FN
Le FN n'en a pas fini avec les affaires. Quel que soit le résultat dans 10 jours, l'agenda judiciaire ne change pas. Il y a du nouveau dans l'un des dossiers instruits par les magistrats, celui qui concerne les assistants parlementaires à Bruxelles. Le Parlement européen estime désormais à 5 millions d'euros le préjudice subi.
Macron, dribble et guerre des images
Duel à distance avec Emmanuel Macron. Sur twitter, le candidat d'En Marche ironise sur la sortie en mer de Marine Le Pen.
Madame le pen se promène à la pêche. Bonne promenade. La sortie de l Europe qu elle propose c est la fin de la pêche française. Pensez y. EM
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 27 avril 2017
Une journée marquée par un déplacement en banlieue parisienne, à Sarcelles, où l'accueil a été bien meilleur que la veille, chez les Whirpool dans la Somme. Il égrène ses propositions, trop heureux de réussir sa carte postale après la ballade en mer de son adversaire. "Madame Le Pen ne peut pas venir dans un quartier comme celui-ci. Parce qu'elle veut qu'ils s'en aillent, elle veut séparer la France, la casser en deux, affirme le candidat d'En Marche. Aujourd'hui, il y a deux projets face-à-face. Il y a le projet d'une France fracturée, refermée, qui est la trahison de la France. Et de l'autre côté, vous avez le projet que je porte qui vise à réconcilier ces France car nous sommes tous et toutes Français." La guerre des images, Emmanuel Macron l'assume et se prête volontiers aux tirs au but.
Ce jeudi soir, Emmanuel Macron est sur le plateau de TF1. Ce vendredi, le candidat d'En Marche prend la route pour la Haute-Vienne et la Vienne : étape à Oradour-sur-Glane, village martyr de la barbarie nazie puis meeting à Châtellerault. Samedi, il sera dans la Sarthe où Fillon est arrivé largement en tête, 8 points devant Le Pen et Macron, au premier tour.
Au QG d'Emmanuel Macron, on s'est remis de la séquence de la veille à l'usine Whirlpool ? On est même soulagé. "Ça a permis à Macron de descendre des nuages", a confié à franceinfo l'un de ses principaux soutiens qui s'inquiétait de voir le candidat tarder à prendre ses marques. C'est l'arroseuse arrosée. À condition qu'il continue sur sa lancée, dit un autre. "Le contact avec les Français, rien que le contact".
Les étudiants du ni ni
Marine Le Pen et Emmanuel Macron, même combat ? C'est ce que pensent quelques centaines d'étudiants et de lycéens qui ont manifesté notamment à Rennes et à Paris ce jeudi. Manifs qui ont souvent dégénéré. Devant le lycée Voltaire, il y avait cette pancarte : "Ni Marine, ni Macron, ni patrie, ni patron". Ça fait beaucoup de ni ni.
Manifestations de lycéens contre Le Pen et Macron : cette jeunesse a "un sentiment d'impasse" https://t.co/RZVY7NKxH6
— franceinfo (@franceinfo) 27 avril 2017
Ça nous ramène à la question du front républicain. Un front mal en point dans cette campagne, entre les atermoiements de Jean-Luc Mélenchon, qui fera son retour sur Youtube ce vendredi, et ceux de Nicolas Dupont-Aignan, qui reprendra la parole ce vendredi également.
LR, la cohabitation ou la coalition ?
Au parti Les Républicains, on hésite aussi, entre un appel clair pour Macron et un vote blanc. Des nuances tellement marquées qu'on se demande bien comment les LR pourraient gagner les législatives et cohabiter avec Emmanuel Macron. La cohabitation, c'était le rêve d'un filloniste au QG du candidat dès dimanche soir. Le rêve d'une partie des sarkozystes dans la foulée avec cet argument : après le désastre Fillon, la vraie alternance, c'est au parlement qu'elle se fera, Macron n'aura pas de majorité, à nous de prendre notre revanche aux législatives. Le rêve surtout de François Baroin qui se voit déjà en futur Premier ministre d'Emmanuel Macron. Problème : le rêve est loin d'être partagé par tous avec des partis démonétisés, le traditionnel clivage gauche-droite qui prend l'eau.
D'autres figures du parti envisagent un scénario très différent : celui d'une coalition. Emmanuel Macron, sans majorité absolue, aurait besoin d'une force d'appoint à droite et serait contraint d'offrir quelques portefeuilles ministériels aux plus modérés, à ceux qui auront franchement appelé au front républicain et qui pourraient travailler de manière transpartisane. Bruno Le Maire, Christian Estrosi, Xavier Bertrand, Jean-Pierre Raffarin seront-ils des marcheurs de droite ? Poser la question, c'est déjà faire rimer cohabitation et affabulation.
Le tweet brouillé d'Aubry
Il n'y a pas que dans le parti Les Républicains que le message est parfois brouillé. Martine Aubry s'est contenté d'un tweet dimanche soir.
Comme en 2002, tous les républicains doivent faire barrage au Front National.
— Martine Aubry (@MartineAubry) 23 avril 2017
Mais pourquoi ne pas dire clairement : "Je vote pour Macron" ? "Macron, heu, comment vous dire ? Ras-le-bol !" avait dit Martine Aubry en septembre 2015 mais le "ras-le-bol" est visiblement toujours d'actualité. "Si on prononce son nom, on va se faire mal voir", dit un aubryste.
La note du débrief : 18/20 pour la Marine nationale
Coup de chapeau aux pilotes de la Marine nationale qui vont larguer, depuis leur Falcon 200, du matériel électoral, des bulletins de vote, sur trois îles complètement isolées d'un archipel de la Polynésie française. Décollage le 4 mai depuis Tahiti, pour sept heures de mission dans le Pacifique parce qu'en bateau, c'est trop long, il n'y a pas d'aéroport. Il faut bien que tous les électeurs votent, ils sont 50 sur chacun des deux atolls, Tematangi et Hereheretue. Ce serait dommage de s'abstenir.
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