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Brexit : la finance mondiale en alerte, l’économie inquiète

L’économie et la finance mondiales en alerte, en cas de Brexit. Pour contrer une déstabilisation, tout le monde veille, l’arme au pied.
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Franceinfo (Franceinfo)

Nuit blanche à la City, veillée d’arme à la BCE mais aussi à la Fed plan d’urgence préparé par les grandes banques, places boursières incertaines et à l’affût, il ne manque que les sirènes pour que l’angoisse soit à son comble. A la City, dans tous les cas de figure on a renforcé les effectifs car les marchés devraient être volatiles. Eponger les pertes en cas de sortie qui plomberait la livre sterling ou répondre à l’afflux de demande des investisseurs en cas de statut quo, tout le monde devra être sur le pont. L’autre souci, à la City, c’ est la perte du passeport européen qui permet de gérer depuis Londres des actifs d’entreprises sur le continent sans avoir à créer de filiale en zone euro, donc de multiplier les coûts. Les chambres de compensation londoniennes gèrent 130.000 milliards d’euros, deux fois le PIB mondial et l’activité de la City représente 10 % du PIB britannique. Bref, ça pourrait être la grosse panique.

La BCE prête à intervenir

En cas de Brexit et de plongeon de la livre sterling, ce sera à la BCE d’agir pour soutenir les marchés aux côtés de la banque d’Angleterre et injecter des devises. Mais attention de ne pas outre-passer son rôle. Elle a demandé aux grandes banques de lui communiquer leur plan d’urgence, c’est-à-dire leur exposition à la livre sterling et aux marchés britanniques avec l’idée de limiter les pertes. L’américain Soros, qui s’est enrichit en spéculant contre la livre, la pythie des marchés financiers prévoit déjà cet effondrement de la monnaie en cas de Brexit et Draghi envisagerait de faire une annonce dès vendredi matin. Mais les conséquences, de l’aveu même du banquier central, restent difficiles à prévoir. Inquiétant dans une économie européenne et une économie mondiale atones. Même la Fed craint qu’une faiblesse de la Livre pousse le dollar à la hausse, la Suisse ne sait plus comment faire pour limiter l’envol du franc suisse et la banque du Japon se tient l’arme au pied. Donc, pas de vrai plan "B" mais une sorte de tous aux abris dans le monde de la finance.

L’économie européenne touchée

On parle tout de même de la deuxième économie de la zone euro et de la 5ème économie mondiale. Une étude du cabinet PwC à la demande du patronat britannique prévoit la suppression d’ 1 million d’emplois et 127 milliards d’euros, 5 point de PIB, de manque à gagner pour l’économie britannique, qui aura deux ans pour négocier des droits de douanes inexistants aujourd’hui. Les allemands de Bertelsmann vont jusqu’à 14 points de PIB. Près de la moitié des marchandises et services britanniques sont destinés à l’Union. Et, pour l’Europe, ce ne sera pas sans conséquences non plus. Premiers pays touchés : l’Irlande, la Belgique et les Pays-Bas mais aussi le Luxembourg et Malte, l’Allemagne pourrait perdre 7 milliards d’euros sur 3 ans, 3 milliards 2 pour la France. Selon l’évaluation de l’assureur Euler Hermès, les pertes européennes seraient de 23 milliards sur 3 ans.  Bref, l’électeur qui glisse aujourd’hui un bulletin dans l’urne le sait, en s’épargnant la contribution au budget européen, en retrouvant son indépendance, il fiche aussi une méga pagaille dans l’économie mondiale qui coûterait entre 2 et 5 000 euros par an, à chaque foyer britannique.

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