Brexit : qu’attendre de May en juillet ?
Trois heures à l’Elysée – de 18h30 à 21h30 –, entre séance de travail avec François Hollande et dîner officiel. Les deux premiers voyages extérieurs de Theresa May sont réservés aux deux plus importants partenaires commerciaux du Royaume-Uni : Allemagne et France.
Première étape pendant laquelle chacun va s’observer, se jauger. Theresa May entend établir des relations de travail solides avec ses partenaires mais tout reste à faire et la tâche s’annonce difficile.
Comment Theresa May peut procéder ?
La chef du gouvernement britannique est confrontée à un double défi : interne et externe.
Sur le plan interne, Theresa May a transformé le premier essai en rassurant les britanniques sur sa volonté de traiter rapidement la question des inégalités. Elle ne gouvernera pas uniquement pour "quelques privilégiés", selon ses propres termes. C’est plus offensif et direct que son prédécesseur David Cameron et très loin du discours à la Margaret Thatcher.
C’est le tremplin vers l’autre défi, externe : séduire ses partenaires étrangers et négocier le Brexit avec tous les risques que l'on sait.
Qu’attend la communauté internationale
Theresa May et son équipe devront afficher rapidement la couleur car ils seront de plus en plus confrontés aux marchés financiers, incontournables juges de paix, quoi que l'on veuille et que l'on dise, avec la croissance et l'investissement des entreprises.
Pour l’instant, ces marchés ont plutôt bien réagi à l’entrée en scène de la nouvelle équipe gouvernementale à Londres, mais les opérateurs détestent l’incertitude. Les marchés financiers et monétaires vont donc rester tendus cet été.
Pour relâcher la pression, Theresa May va devoir se prononcer de manière ferme sur plusieurs dossiers :
1- la politique économique du Royaume-Uni pour les prochains mois. Si l’austérité à la Cameron est écartée, à quoi ressemblera le programme budgétaire et fiscal du nouveau gouvernement ? Attendre l’automne pour répondre, ce qui est normalement prévu, serait une erreur.
2- Que va demander le RU dans ses négociations avec les autres pays européens sur le commerce et l’accès au marché unique ? Londres ne devra pas être trop gourmande sur ses prétentions en matière d'allègement des réglementations
3 - Que fera la Grande-Bretagne pour rendre sa politique fiscale attractive ? Avec en filigrane la guerre concurrentielle entre les Etats au nom de la compétitivité
4 - Elle ne dépend pas du gouvernement mais la Banque centrale d’Angleterre va-t-elle baisser ses taux d’intérêt pour soutenir une économie britannique chancelante ?
Dire que la crédibilité de l'Europe se jouera ce soir sous les ors et dorures de la République à l'Elysée est exagéré. La réunion ne vise pas de réponses immédiates à toutes les questions soulevées, mais François Hollande aura tout intérêt à camper les bases d’un décor solide pour les discussions à venir.
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