Censure : la situation paradoxale du ministre de l'Économie démissionnaire qui doit défendre, à Bruxelles, la trajectoire budgétaire de la France
Les ministres des finances de la zone euro se retrouvent lundi 9 décembre à Bruxelles pour un sommet européen. Pour représenter la France, c’est Antoine Armand, le ministre de l’Économie démissionnaire qui sera présent. Une présence un peu paradoxale, mais faute de nouveau gouvernement, c’est le ministre qui devra défendre les intérêts de la France.
Un autre paradoxe, sur le fond, puisqu’Antoine Armand va défendre une nouvelle fois, la demande de la France d’avoir un délai pour un retour à un déficit sous les 3 % en 2029, pour coller aux règles de la Commission européenne. Mais cette trajectoire budgétaire qu’il va donc défendre devant ses homologues correspond à des mesures inscrites dans un budget déjà obsolète, puisqu’Emmanuel Macron avait bien spécifié, suite à la chute du gouvernement Barnier, qu’était prévue une loi de finances spéciale dans quelques jours et un tout nouveau projet de budget, un PLF, pour début 2025, fait par le prochain gouvernement dont on ne connaît même pas encore la couleur.
Une crédibilité fragilisée
Une présence donc, sous le signe de la fragilité. Comment rassurer nos partenaires européens sur notre capacité à retrouver une stabilité politique et être crédible dans ces conditions ? Ce qui inquiète nos homologues, c’est bien de savoir si nous sommes à même de trouver un consensus politique pour nous doter d’un budget et prendre des mesures pour rétablir nos finances. On rappelle qu’avec plus de 6% de déficit en 2024, la France est dans une procédure de déficit excessif au niveau européen.
Beaucoup voient déjà dans la signature du traité de libre-échange UE-Mercosur par Ursula von der Leyen à Montevideo en Uruguay vendredi 6 décembre, et ce, malgré les protestations de Paris, le signe de la perte d’influence de l’hexagone. Une situation de retrait en Europe alors même que Donald Trump doit prendre ses fonctions à la Maison-Blanche, début 2025, et que les pays européens voient nombre des investisseurs attirés, encore plus qu’avant, par les États-Unis. À sa charge donc, de se montrer attractive et de ne pas perdre en compétitivité.
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