Chute du gouvernement Barnier : des tensions possibles sur la dette française
Les investisseurs internationaux, les fonds d'investissement chinois, japonais ou américains, qui nous prêtent de l’argent pour financer notre quotidien, le font à un coût chaque jour plus élevé. Tout comme une banque demande plus de primes de risques aux clients qu’elle n’estime pas très fiables, parce qu’elle n’est pas sûre d’être remboursée, ces investisseurs veulent des garanties financières.
Avec la chute du gouvernement Barnier, mercredi 4 décembre au soir, le manque de visibilité sur le prochain locataire de Matignon et l’absence de budget qui risque de creuser encore le déficit, la France apparaît de moins en moins solvable. Ces derniers mois, notre instabilité politique, la dissolution, et l’annonce du 49.3 ont entraîné à chaque fois, une hausse des taux. Aucune raison, alors, que la chute du gouvernement n’ait pas le même effet.
Comparaison n'est pas raison ?
Le taux allemand, qui reste la référence, lui, demeure plutôt stable, autour des 2,04%. Cet écart de taux, le fameux "spread", qui se creuse entre nos deux pays, un très mauvais signal pour nous, car le spread, c’est le baromètre de la confiance des investisseurs.
Ces derniers jours, la France empruntait plus cher que l’Espagne ou le Portugal, deux pays qui ont longtemps fait figure de maillon faible de l’Europe. Or, le coût d’emprunt de la France est désormais proche de celui de la Grèce, pays en quasi-faillite il y a une quinzaine d’années.
Le poids de la dette
Fin 2024, la dette française dépasse les 3 200 milliards d’euros. Forcément, à chaque augmentation des taux, même de quelques points, des dizaines de millions d’euros en plus sont à payer. Les intérêts de la dette pour 2025, s'élèvent de 50 et 60 milliards d’euros, soit plus que le budget de la défense, ou de l’enseignement supérieur. Rapportés au nombre de Français, bien que ce calcul soit un peu caricatural, c’est presque 1000 euros que chacun (enfant compris) devrait payer en 2025, et simplement pour les intérêts de la dette.
Une situation qui interroge sur les solutions apportées par la Banque centrale européenne. Avec le recul de l'inflation, la BCE a toutefois baissé ses taux cet été 2024, et donc détendu la pression, y compris sur les emprunts d'État. Ce qui profite à tous les pays de la zone euros, sauf à la France, qui va à contre-courant, car à cause de notre instabilité politique, nos taux augmentent. La chute du gouvernement Barnier réduit la probabilité d’une consolidation des finances publiques, juge d’ailleurs jeudi matin l’agence Moody’s.
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