Crise de l'immobilier : face à la "bombe sociale" du logement, l'exécutif en fait-il assez ?

Entre inflation, difficultés pour obtenir un emprunt et suppression de certains dispositifs, il est devenu de plus en plus difficile de se loger. Les professionnels du secteur, tout comme certains politiques, ne semblent pas optimistes pour l'avenir.
Article rédigé par franceinfo
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Un chantier de construction à Eragny-sur-Oise, dans l'Oise, le 12 septembre 2023. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

L'ancien Premier ministre Édouard Philippe, invité à la rentrée politique du MoDem samedi 30 septembre et dimanche 1er octobre, a longuement évoqué lors de son intervention "la bombe sociale" et "urbaine" que représentait le logement. Les professionnels du secteur multiplient les avertissements. Ils ne manqueront pas d’interpeller le gouvernement mardi à l'occasion du congrès HLM.

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Il est devenu de plus en plus difficile de se loger. Les causes sont connues. Nous manquons de logements depuis longtemps en France, faute de terrains constructibles. Avec l’inflation, les prix des matières premières ont flambé et le secteur de la construction souffre d’autant plus. Sans compter que, ces derniers mois, s’est ajouté le problème des taux d’intérêts qui augmentent et la frilosité des banques pour accorder des prêts. Tout ça n’encourage pas l’accession à la propriété… loin de là 

L’investissement dans la pierre devient moins intéressant. C'est notamment le cas pour les  propriétaires qui veulent louer. Les loyers étant plafonnés dans une vingtaine de grandes villes, la réglementation se fait plus contraignante. D’ici quelques années, il ne sera plus possible, par exemple, de louer des passoires thermiques, des biens dont les diagnostics énergétiques sont trop mauvais. Cela oblige donc les propriétaires à isoler leurs biens. Certains n’en ont pas les moyens, donc ils les retirent du marché. Ce qui réduit encore le nombre de logements à louer. Autant d’ingrédients qui peuvent nourrir une crise sociale.  

Le recentrage du prêt à taux zéro

Selon les professionnels, l’exécutif ne prend pas la mesure du drame qui se prépare. Preuve en est, la présentation du budget, la semaine dernière, qui a mis le feu aux poudres. Le gouvernement prévoit, entre autres, dans son projet de loi, un recentrage du prêt à taux zéro, ce crédit accordé aux ménages les plus modestes sera réservé uniquement à certains biens. Il y a aussi la fin du dispositif Pinel. À l'origine ce dispositif vise à encourager l’achat de biens en permettant des baisses d’impôts pour l'acquéreur. Sauf que la Cour des comptes le juge souvent inefficace et trop cher. Il sera donc supprimé dans le budget 2024.

Cette suppression va, selon la fédération du bâtiment, encore faire chuter le nombre de constructions d'environ 30 000 biens par an en moins. Quant à l’idée d’assouplir le calendrier d’interdiction des passoires thermiques ? Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, a bien avancé l’idée mais il a ensuite fait marche arrière. Bref, autour du logement, c’est le bras de fer … 

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