Déficit public : les agences de notation mettent la pression sur la France

Après Moody's, c'est l’agence de notation Fitch qui estime que les objectifs de réduction budgétaire français sont "de plus en plus hors de portée". C'est un mauvais signal pour le gouvernement.
Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les bureaux de l'agence de notation Fitch à New York, aux États-Unis, en août 2023. (JUSTIN LANE / EPA / AFP)

Cette déclaration de l’agence de notation américaine Fitch, mardi 2 avril 2024, sonne comme un avertissement. Fitch, qui avait déjà abaissé, en avril 2023, la note souveraine de la France de AA à AA-, se montre assez pessimiste sur la capacité du gouvernement à rétablir ses comptes publics. Certes, elle reconnaît l’effort que le gouvernement fait pour réduire un peu le niveau d’endettement du pays, mais Fitch souligne "une situation politique intérieure délicate".

De fait, cette alerte de Fitch est d’autant plus inquiétante qu’elle fait suite à un autre commentaire, aux allures de carton jaune, là aussi. Celui de l’agence Moody’s, cette fois, qui la semaine dernière, qualifiait "d’improbable", les scénarios du gouvernement pour ramener le déficit public en dessous des 3% d’ici 2027, alors que le déficit est à 5,5% en 2024. Fitch comme Moody’s actualiseront leur note financière de la France à la fin du mois, le 26 avril. 

Si la note est dégradée, ça ne signifiera pas que la France est en faillite, mais qu’elle perd en crédibilité et qu’elle sera moins solvable aux yeux des investisseurs qui lui prêtent de l’argent. Donc, s’ils achètent de la dette française, le risque sera estimé plus élevé de ne pas être remboursé. Ce qui n’est pas très bon, car certes, les investisseurs peuvent continuer à prêter de l’argent, mais plus cher, avec des taux d’intérêt plus élevés. En conséquence, cela augmentera alors notre charge de la dette, c’est-à-dire le poids de nos intérêts. Et quand on a plus de 3 000 milliards d’euros de dette, ça se ressent très vite sur le budget.

Les Républicains lancent une commission d’enquête sur les causes du déficit

Le gouvernement est fébrile, forcément. Il cherche de l’argent, coupe dans les dépenses, regarde comment durcir les règles d’assurance-chômage, passe au crible les remboursements de santé, envisage de mettre plus de jours de carence, autant de mesures pas très populaires. Certes, il écarte les hausses d’impôts, mais Gabriel Attal ne ferme pas toutes les portes. Mardi, le Premier ministre a annoncé le lancement d’une mission "sur la taxation des rentes", sans trop préciser. S’agira-t-il de taxer les gros propriétaires ou l’épargne des Français ? Matignon veut des propositions d’ici juin.

Économiquement, mais aussi politiquement, le gouvernement se retrouve affaibli, sur la défensive, notamment face aux oppositions. Sans attendre, les Républicains ont d’ailleurs annoncé la création d’une commission d’enquête pour comprendre les raisons de la très forte croissance de la dette sous la présidence d’Emmanuel Macron et les conséquences sur le pouvoir d’achat des Français.

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