Et si la Grèce se trouvait vraiment en défaut de paiement ?
On parle de défaut de paiement quand une entreprise ou un Etat n’est plus en mesure d’honorer une traite, un remboursement ou une échéance de dette. Il ne s’agit pas simplement d’un retard mais d’une incapacité structurelle de remboursement. C’est beaucoup plus courant qu’on ne le croit. L’agence financière Standard & Poor’s a recensé 90 cas de défaut de paiement d’un Etat depuis 40 ans. Certains ont été récidivistes, comme le Pérou (4 fois en défaut de paiement en vingt ans). La Russie, le Koweït, le Mexique, l’Argentine et une pléiade de pays africains entrent également dans cette catégorie.
Le défaut de paiement est souvent la première étape vers la faillite, l’appauvrissement brutal et le chaos du pays concerné mais il peut aussi entraîner des crises financières plus vastes dans des régions du monde.
Dans le cas de la Grèce, quel serait le scénario ?
Si un tabou a été brisé, si cette hypothèse est désormais évoquée à voix haute, ce n’est pas seulement pour nourrir la guerre psychologique que se livrent la Grèce et ses créanciers depuis des mois, c’est aussi pour tenter d’anticiper, de se préparer, d’éviter qu’un défaut de paiement de la Grèce ne provoque, par un effet de contagion, une crise générale dans la zone euro.
La Commission, et plus encore la Banque centrale européenne, mais aussi les grandes banques de la zone euro planchent toutes sur ce scénario depuis des mois. Il faut se souvenir que ça fait maintenant plus de cinq ans que la Grèce pose problème à ses partenaires et qu’aucune solution solide n’a été trouvée jusqu’ici malgré des milliers d’heures de négociations. L’équation est toujours la même : la Grèce doit plus d’1,5 milliards d’euros au FMI avant le 30 juin et 3,5 milliards d’euros à la BCE d’ici le 20 juillet. D’autres échéances suivront, jusqu’au 20 août. On n’est déjà plus vraiment dans les clous. Le train fonce tout droit dans le mur.
Un défaut de paiement de la Grèce la conduirait-elle à sortir de l’euro ?
Pas forcément, en tout cas pas tout de suite. Selon les traités, il est quasiment impossible de sortir de l’euro sans sortir de l’Union européenne. Le processus serait donc assez long, les textes prévoient même un délai de deux ans. La première étape, en cas de défaut, viendra de la Banque centrale européenne qui couperait tout accès aux liquidités d’urgence pour les banques grecques.
D’un côté, l’Etat ne pourrait plus payer ni les retraites, ni les salaires des fonctionnaires. De l’autre, l’économie privée s’effondrerait, les ménages se ruant vers les banques pour retirer leurs économies ce qui provoquerait des faillites en chaîne… autant dire que la spirale deviendrait incontrôlable. L’Europe et l’euro subiraient un sérieux revers, même s’ils paraissent relativement protégés depuis la mise en place de plusieurs pare-feu après la crise de 2008. Mais la vérité, c’est que personne ne sait à coup sûr comment les choses se passeraient. Il y a dans les crises financières, une bonne part d’inconnu. En tout cas, devant l’énormité du danger potentiel, on reste assez stupéfait du jusqu’au-boutisme grec.
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