Faut-il craindre le krach boursier chinois ?
La crise grecque a occulté cette situation en Chine depuis quelques semaines. Certains observateurs vont jusqu'à dire que ce que connaît l'Europe en ce moment n'est rien à côté de ce qui se prépare dans l'Empire du Milieu. Et pour cause : la Chine est la deuxième économie mondiale.
Si ce moteur tousse trop fort, c'est le reste des économies qui risque de s'enrhumer, à un moment où les Etats-Unis connaissent un retour de la croissance, mais un retour poussif.
Que se passe-t-il sur les marchés chinois ?
Plusieurs facteurs expliquent la dégringolade de ces dernières semaines.
D'abord un mouvement de correction naturel. Sur trois semaines en juin, la bourse de Shangaï a perdu 30%. Lundi 27 juillet, l'indice chinois a même plongé au plus fort depuis 2008, mais il faut bien voir que sur les douze derniers mois, la bourse de Shangaï avait gagné 150%.
On assiste donc aujourd'hui à de logiques prises de bénéfices. Les actionnaires reprennent leur mise.
Deuxième facteur : l'actionnariat chinois est très individualisé, très personnel, ce qui favorise les réactions épidermiques à la moindre alerte. On estime à 20 millions le nombre de foyers chinois boursicoteurs.
Mais plus que tout, ce sont les derniers indicateurs conjoncturels qui inquiètent : l'inflation accélère, la consommation flanche (notamment dans le secteur automobile)... les opérateurs se disent qu’une croissance durable de 7% sur laquelle table Pékin n'est pas tenable.
Où sont, aujourd'hui, les capacités de rebonds de la Chine ?
Le pays est confronté à la dégradation de la compétitivité de ses coûts de production.
Passé de nation émergente à nation émergée, la Chine connaît les mêmes problèmes que beaucoup de pays occidentaux.
Le développement de son économie, l'urbanisation, renchérissent les coûts sociaux, poussent les salaires vers le haut (les coûts salariaux augmentent plus vite que les prix depuis 2012). Conséquence directe : la rentabilité du capital recule, ce qui freine l'investissement des entreprises.
Pour maintenir l'économie à flot, le gouvernement chinois a lâché beaucoup d'argent en soutenant notamment le secteur bâtiment, a fait tourner la planche à billets... aujourd'hui, la bulle explose.
Quel impact cela peut avoir sur les autres économies mondiales ?
Si la chine ne retrouve pas rapidement un moteur de croissance, il y aura problème à court terme : panne du commerce mondial, impact sur le prix des matières premières, etc... Ce que l'on constate déjà, mais le mouvement pourrait s'inscrire dans le temps.
Le salut de la Chine viendra, entre autres, d'une montée en gamme de ses produits et du développement des services. La situation actuelle de la Chine est vraiment à surveiller comme le lait sur le feu.
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