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La colère du monde artisan

Les artisans, eux aussi, sont mécontents de la loi El Kohmry, mais pas seulement et veulent se faire entendre dans toutes les régions de France.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Franceinfo (Franceinfo)

Vous connaissez la pub "L’artisanat première entreprise de France". Ces TPE, ETI et PME emploient 47 % de la population active française, sept millions de salariés, dont la moitié dans l’artisanat dans 300 métiers différents et un million 300 mille entreprises, ça n’est tout de même pas rien. Et cette première entreprise de France ne se sent pas écoutée, les artisans sont en colère. Ils le disent à Paris lors d’une conférence de presse tenue par l’Union Professionnelle Artisanale, l’UPA, qui va se faire entendre jusqu’au 9 juin dans les douze régions françaises. Les artisans protestent, eux aussi, contre la loi El Kohmry. Car aujourd’hui, dans les négociations de  branches, avec le gouvernement ou les syndicats, une entreprise égale une voix. Demain, avec la loi El Khomry, cette représentation se fera en fonction du nombre de salariés. Or les deux tiers de ces petites entreprises n’en n’ont pas. Avantage donc aux plus grandes.

Contre la loi El Khomry mais pas seulement

Ils en veulent aussi à la loi Sapin II par laquelle il ne sera plus nécessaire d’avoir une qualification professionnelle pour s’installer artisan. Demain n’importe qui pourrait s’improviser coiffeur ou plombier sans CAP, ni BEP, ni maïtrise. Il y a aussi la concurrence des auto-entrepreneurs ou des grandes surfaces de bricolage qui font des offres de services, cette sorte d’ubérisation de l’artisanat au détriment des vrais professionnels fait mal aux petites entreprises et surtout empêche la transmission d’un savoir-faire qui se perd. C’est notamment vrai pour les artisans d’art, qui, eux, depuis 2002 sont en plus victimes d’une loi qui leur interdit tout accès au patrimoine français au profit des diplômés de l’enseignement supérieur qui sortent des écoles d’art. Tant pis si ces professionnels sont maitre- artisans ou compagnons, ce qui était autrefois plus qu’une reconnaissance. Si vous ajoutez à cela des aides moins généreuses pour prendre des apprentis alors que le secteur est celui qui en forme le plus et un régime social, le RSI, qui dis-fonctionne, on aura compris qu’être artisan aujourd’hui est un sacerdoce.

Conjoncture plus favorable

Ca va mieux, selon les chiffres du cabinet Altarès. Les PME de plus de 50 salariés enregistrent cette année le niveau le plus bas de défaillances d’entreprises. Reprise aussi pour les TPE, ces très petites entreprises de moins de dix salariés. Le secteur voit le nombre de faillites diminuer de 10 % au premier trimestre de cette année. Mais plus de 55.000 emplois demeurent encore très fragilisés. Charges trop lourdes, contraintes de plus en plus grandes, le petit artisan seul dans son atelier ne descend pas dans la rue car une journée de perdue est une journée sans revenus mais il a l’impression que les pouvoirs publics sont sourds a ses inquiétudes. Cela dit, ne soyons pas tout à fait naïfs, les élections dans les Chambres des métiers se déroulent en octobre prochain, la campagne a commencé avec une lutte annoncée entre les organisations professionnelles dont l’UPA et la CGPME. Mais la réalité des problèmes est quand même bien là.

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