La production industrielle allemande en baisse
Un malheur n’arrive jamais seul. On sait le choc que représente l’affaire Volkswagen pour l’ensemble du site industriel allemand, et bien on a d’abord appris hier, dans un autre secteur important, que la reine des banques allemandes, la Deutsche Bank vacillait : elle vient de passer dans ses comptes une dépréciation d’actifs pour près de huit milliards d’euros, c’est colossal, la 1ère banque allemande commence ainsi une opération de nettoyage de son bilan, elle confirme ce que tout le monde subodorait depuis longtemps : le Deutsche Bank a joué un jeu très dangereux en se jetant ces dernières années dans une politique aventureuse d’acquisitions tous azimuts. On en est sans doute qu’au début du nettoyage et quand on sait la taille de la banque, son bilan dépasse le PIB italien, on se dit que si il arrivait malheur à la Deutsche Bank, c’est tout le système bancaire allemand qui tremblerait sur ses bases, on en est certes pas la, mais on ne peut plus cacher aujourd’hui que certaines banques allemandes ont accumulé de vraies fragilités.
C’est dans ce contexte, qu’on a appris aussi hier une baisse de la production allemande : un recul de 1,2% plus important que prévu, qui fait suite à un recul des exportations de plus de 5%, c’est la plus forte baisse depuis 6 ans.
Comment on explique ces mauvais chiffres ?
Si les commandes à l’industrie ralentissent ou reculent, c’est en raison d’abord de la mauvaise conjoncture mondiale. L’Allemagne est complètement dépendante de la mondialisation et le ralentissement de la Chine, la frappe de plein fouet. Toutes ces dernières années, la Chine avait acheté des dizaine de milliers de machine outils et de produits industriels allemands, elle en a moins besoin aujourd’hui, parce que son économie ralentit mais aussi parce que la Chine sait désormais produire elle-même des machines qu’elle a appris à copier ou à adapter. L’Allemagne subit donc à la fois le contrecoup du ralentissement en Asie, et la montée en gamme des pays émergents qui n’ont autant besoin de la technologie occidentale. Et on peut ajouter, que ces mauvais chiffres de l’industrie pourraient encore se dégrader quand on sait que le groupe Volkswagen représente près de 20% des exportations industrielles allemandes. Autant dire que c’est un chiffre qui est appelé à chuter fortement dans les mois qui viennent.
Cette situation va avoir un impact sur la croissance allemande ?
Oui, les cinq grands instituts de conjoncture ont publié un rapport hier en réduisant leur prévision de croissance pour l’Allemagne, ce sera 1,8% cette année au lieu des 2,1 annoncé au printemps. C’est un nouveau signe d’essoufflement d’une économie fortement tournée vers l’exportation de produits industriels, qui a accumulé d’énormes excédents commerciaux ces dernières années. En ce sens, c’est toute l’économie allemande qu’il faudrait réorienter maintenant vers l’investissement et le marché intérieur. En tout cas, ce fléchissement allemand n’est pas une bonne nouvelle, ni pour la zone euro, ni pour la France, toutes les deux très dépendantes de la vitalité économique de l’Allemagne.
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