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Le décryptage éco. À partir du 1er juillet, les loyers parisiens seront encadrés

Le problème du logement notamment dans les grandes agglomérations semble insoluble. À Paris, à partir du 1er juillet, les loyers vont être encadrés. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
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Temps de lecture : 4min
Un appartement à louer. (MAXPPP)

À Paris, à partir du 1er juillet, les loyers vont être encadrésQuand vous signerez un bail pour une location, le propriétaire ne pourra pas aller au-delà d’un certain montant de loyer, sans quoi il s’exposera à une amende. 5 000 euros si c’est un particulier et jusqu’à 15 000 euros, pour une agence immobilière ou une plateforme. Il devra respecter un "loyer de référence" par m², c’est à dire ne pas pratiquer des loyers supérieur de 20% à la moyenne du quartier. L’objectif est évidemment de lutter contre l’envolée des prix, les loyers excessifs , les abus. Notez que la mesure ne s’appliquera pas pour les loyers en cours, mais bien pour les nouveaux contrats, signés à partir de cet été  

Retoqué par les tribunaux, le plafonnement des loyers fait son retour

Mais ce plafonnement des loyers avait déjà été mis en place une première fois en 2015 à Paris. Mais il avait été annulé fin 2017, par les tribunaux. Idem à Lille ou là aussi la mesure avait été retoquée. Pour plusieurs raisons, et notamment parce qu’elle avait été mise en place de façon uniforme, en schématisant, mais c’était le même plafond de prix qui s’appliquait partout dans la capitale. Là, les loyers de référence seront différenciés, et calculés en fonction de 14 zones parce que forcément la location du mètre carré n’est pas la même entre le 2Oe arrondissement ou le 8e, mais aussi selon le type de logement ou encore l’année de construction de l’immeuble.  

La mairie de Paris qui soutient le système est persuadé de son efficacité. Elle y voit un moyen d’éviter que la capitale ne se vide de ses familles, et de ses actifs qui n’arrivent plus à suivre Paris perd 12 000 habitants chaque année, les écoles ferment. Paris devient une ville pour les hypers riches et les touristes. Si on se base sur une étude de l’Observatoire des loyers de l’agglomération parisienne entre 2015 et 2017, période pendant laquelle les prix à la location ont été encadrés dans la capitale, leur hausse a été modérée entre + 0,4% et +0,6% , donc contenue.  

Les professionnels de l’immobilier sont opposés à cet encadrement

Le problème, disent-ils, c’est l’effet pervers du dispositif : quand les loyers sont contraints, les propriétaires rechignent à mettre sur le marché leurs biens, ils préfèrent notamment les louer sur Airbnb, où c’est plus rentable du coup, ça limite l’offre locative, et ça ne règle donc pas les tensions sur le marché.  

Il n’y a pas que Paris qui doit faire face à la flambée des loyers. D’ailleurs, la mesure n’est pas réservée qu’à Paris, toutes les villes qui le souhaitent peuvent le demander. Une trentaine seraient candidates: Lille, Lyon, bordeaux, Grenoble mais, en fait, le problème n’est pas que français. Les habitants des agglomérations, à Londres, aux Etats-unis, sont de plus en plus nombreux à demander des régulations économiques devant la flambée des prix. Selon le Wall Street Journal, les prix des loyers augmentent trois fois plus vite que les salaires dans les 30 plus grandes villes du monde. Est-ce que l’encadrement des loyers sera une option efficace ? La loi française prévoit une expérimentation, pendant cinq ans, jusqu’en 2023.      

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