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Le décryptage éco. Assurance chômage : les cadres mis à contribution

Le gouvernement a présenté la réforme assurance chômage. Les cadres vont largement participer à l’effort, et pas qu'un peu. Le décryptage éco de Fanny Guinochet (l'Opinion)

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Agence de Pôle emploi (illustration). (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Le gouvernement a présenté mardi 18 juin une vaste réforme de l'assurance chômage touchant à la fois à l'indemnisation, à l'accompagnement des chômeurs, ainsi qu'au portefeuille des entreprises abusant des contrats courts via le bonus-malus. Les plus hauts revenus, les cadres, vont y perdre. D’abord, parce que comme les autres salariés, il leur faudra travailler plus longtemps pour avoir droit à une indemnisation au chômage… 6 mois sur les deux dernières années, au lieu de 4 sur les 28 derniers mois aujourd’hui. Mais aussi parce que pour les salaires supérieurs à 4 500 euros, le gouvernement prend une mesure bien particulière, la dégressivité. A partir du septième mois d’inscription à Pôle emploi, le montant de leurs allocations chômage va baisser de 30%.

Près de 80 000 personnes environ, seront concernées, selon les calculs du gouvernement qui a choisi de cibler ceux qui gagnent plus de 4 500 euros bruts par mois, c’est à dire les 10% de salariés les mieux payés. Des actifs qui sont en moyenne indemnisés souvent plus d’un an. A titre de repère, aujourd’hui, un cadre en CDI touchant 4 500 euros brut par mois reçoit une indemnité d'environ 2 500 euros net lorsqu'il tombe au chômage. Et ce pendant deux ans. Avec la réforme, il touchera moins au fur et à mesure qu’il restera chômeur. Le gouvernement a toutefois mis un plancher, un seuil en en deçà duquel l'indemnisation ne pourra pas baisser : 2 261 euros net par mois.

Principe d'équité contre signal politique

Les syndicats estiment la mesure injuste au nom de l’équité, parce que les cadres, quand ils sont en poste, abondent très largement le système d’assurance chômage : ils auront beau avoir beaucoup participé, ils recevront moins proportionnellement que d’autres. Par ailleurs, le délai de six mois est jugé un peu court car pour les cadres, les recrutements sont souvent plus longs. Le gouvernement se défend en expliquant qu’aujourd’hui, plus on est payé et plus on reste au chômage longtemps.

Le gouvernement dit aussi que les cadres retrouvent plus facilement du travail. Le chômage des cadres est très bas en ce moment, 3,8 % contre 8,7 pour la moyenne française. Mais méfions-nous des chiffres globaux, tous les secteurs ne sont pas lotis à la même enseigne. Dans le numérique, l’hôtellerie, les transports où on manque de personnel, vous allez retrouver un emploi très facilement même pour des postes élevés en responsabilité, avec des hauts salaires. Mais dans d’autres filières sinistrées, comme la pub, la culture, ou même certains métiers de l’industrie, c’est plus dur. Cela dépend aussi des régions, ou encore de l’âge : pour les quinquagénaires retrouver un travail rime est souvent un parcours du combattant.

Mais cette mesure sur les cadres va permettre de faire des économies au système… 210 millions d’euros d’économies par an. Sur le 1,5 milliard par an que vise cette réforme, ce n’est pas énorme. Cette mesure est surtout un signal que Macron a voulu prendre pour montrer que tout le monde doit faire des efforts. Cette dégressivité va se mettre en place à partir du 1er novembre. Elle ne concernera pas les chômeurs de plus de 57 ans.

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