Le décryptage éco. Californie : Uber et les autres plateformes obligées de salarier leurs chauffeurs
C’est une décision historique : le Sénat de Californie vient d’adopter une loi qui oblige les sociétés comme Uber à salarier leurs chauffeurs. De quoi mettre par terre leur modèle économique. Le décryptage éco de Fanny Guinochet (de "l'Opinion").
C’est un sale coup, très sale coup pour les plateformes, dont le business model tient essentiellement sur le fait d’avoir des chauffeurs qui sont des travailleurs indépendants, des autoentrepreneurs et pas des salariés. Avec cette décision du Sénat de Californie, qui oblige les sociétés comme Uber à salarier leurs chauffeurs, ces derniers auront des droits : un salaire minimal, une rémunération régulière, le chômage, la retraite…
Des droits pour les chauffeurs, des coûts en plus pour les plateformes
Autant dire une petite révolution qui va coûter cher à ces sociétés. La banque Morgan Stanley anticipe déjà 35% de hausse des charges pour ces entreprises. Ce qui va encore plomber leur situation, parce que la plupart, même Uber, ne sont pas rentables. Au passage, elles risquent de répercuter cette hausse sur le client et augmenter la course.
Cette loi doit entrer en vigueur normalement le 1er janvier prochain. Normalement, parce qu’après le vote du Sénat, l’Assemblée de Californie doit encore examiner quelques amendements. Mais il y a peu de chance qu’il y ait un coup de théâtre, tout simplement parce qu’à cause de ce statut d’indépendant, la Californie perd chaque année sept milliards de dollars (6,3 milliards d’euros) de cotisations sociales que ces entreprises ne paient pas. L’État compte bien récupérer cet argent.
Est-ce que cette décision peut faire tache d’huile ? Déjà, la loi californienne va bien au-delà du seul transport et va s’appliquer à toute cette nouvelle économie, dite des "des petits boulots", donc à toutes les plateformes quel que soit le secteur. Ensuite, d’autres États américains vont sûrement suivre, comme New York.
Une décision envisageable en France
Quant à la France ? Il y a un intérêt évident pour cette décision, plusieurs politiques l’ont d’ailleurs saluée, de différents bords, comme Xavier Bertrand classé à droite, ou Anne Hidalgo à gauche. Il n'est pas impossible que ce type de décision soit pris en France... Car la contestation contre ces entreprises chez nous s’accroît aussi. On l’a vu encore cet été avec les mobilisations des livreurs de Deliveroo ces dernières années, plusieurs chauffeurs de VTC ont demandé à la justice de requalifier leur statut en contrat de travail et certains ont gagné. Enfin, récemment, la loi mobilité a instauré aussi une charte de bonne conduite : mais elle est jugée très très insuffisante.
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