Le décryptage éco. Derrière les plans sociaux médiatiques, la réalité du chômage
General Electric, Ascoval, Ford… On entend beaucoup parler de plans sociaux ces derniers jours, mais cela ne reflète pas la réalité du chômage en France. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").
General Electric, Ascoval, Ford, Carrefour, ces drames sont toujours impressionnants parce que ce sont des centaines, des milliers de suppressions d’emplois d’un seul coup, sur un site, une usine. Il y a une pression politique très forte mais ces plans de sauvegarde de l’emploi, ces fameux PSE, ne sont que très minoritaires. Quand on se penche sur les statistiques du chômage, on voit que chaque mois, il y a grosso modo 500 000 personnes qui s’inscrivent à Pôle emploi et à peine entre 3 et 5 000 le font après avoir subi un plan social : c’est évidemment trop. En réalité, 80% des gens qui s’inscrivent au chômage le font surtout suite à une fin de contrat en CDD.
Un effet loupe sur ces plans sociaux
C’est normal, parce qu’ils sont souvent médiatisés et qu’ils concernent généralement de grandes entreprises connues, ce qui les rend plus intolérables. Les études montrent aussi que les salariés concernés ont plus de mal à retrouver du travail que les autres, ne serait-ce que parce qu’ils sont souvent restés plus longtemps dans ces entreprises, y ont fait toute leur carrière. Enfin, dans ces plans, il y a systématiquement des mesures d’âge, c’est à dire que les entreprises font surtout partir les seniors. Pour eux, c’est beaucoup plus difficile de retrouver du travail. Selon le ministère du Travail, plus 60% des plus de 55 ans restent au chômage depuis plus d'un an contre 40% pour le reste des actifs. Tout dépend aussi des territoires. C’est même une donnée capitale. Perdre son emploi à la Souterraine dans la Creuse, n’est pas pareil qu’en Île-de-France car il y a peu d’opportunités de reconversions aux alentours. Vous remarquerez d’ailleurs qu’on entend peu parler des plans sociaux dans l’agglomération parisienne alors que pourtant il y en a, mais les gens retrouvent plus facilement du travail dans ce bassin d’emplois très dynamique.
Le boom des ruptures conventionnelles
Les entreprises anticipent mieux les restructurations qu’avant. La culture est en passe de changer : les reclassements se font plus à froid, en amont, quand elles se rendent compte qu’une filière va disparaître et pas quand le marché s’est déjà retourné. Avec les différentes réformes du Code du travail, les entreprises disposent aujourd’hui d’un arsenal juridique plus large pour restructurer leurs activités, de façon moins conflictuelle. On pense notamment aux ruptures conventionnelles. On ne saurait les oublier, tant leur nombre explose depuis leur création il y a 10 ans. La rupture conventionnelle individuelle permet à l’employeur et au salarié de se mettre d’accord sur un départ. L’année dernière, on en a compté plus de 430 000, soit 36 000 par mois par rapport au 3 à 5 000 suppressions d’emplois mensuels via les plans sociaux. C’est nettement plus mais elles se voient moins, car elles se font au fil de l’eau. Dans certains cas, on peut quand même se demander si on n’est pas dans des plans sociaux déguisés. Certains députés de la majorité veulent d’ailleurs durcir ce système.
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