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Le décryptage éco. Grève aux urgences, une réplique des "gilets jaunes"

À Paris, plusieurs services des urgences sont en grève, les personnels soignants demandent de meilleures conditions de travail, plus de sécurité. Le malaise couve depuis longtemps mais éclate aujourd'hui. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Du personnel des urgences de l'hôpital Saint-Antoine à Paris en grève pour protester contre leurs conditions de travail et l'insécurité. Le 14 avril 2019. (MAXPPP)

Plusieurs services des urgences sont en grève depuis lundi 15 avril dans des hôpitaux parisiens. C’est une réplique, une conséquence du mouvement des "gilets jaunes". Pendant 22 samedis, les personnels des urgences des hopitaux de Paris, l’AP-HP, ont été sur le pont : ils sont fatigués et ils craquent. Ces dernières années, la fréquentation des urgences d’Île-de-France n’a pas arrêté d’augmenter : plus 3% en un an, alors que dans le même temps, les effectifs restent stables. Du coup, les délais d’attente s’allongent : selon un rapport de la Cour des comptes publié en février dernier, ce sont plus de deux heures en moyenne en Île-de-France, et pour 25% des patients, c’est entre quatre et huit heures et même pour 10% d’entre eux, c’est plus de huit heures, ce qui génère de l’agressivité des patients. Le mouvement de grève a d’ailleurs commencé il y a un mois, après l’agression de personnels à l’hôpital Saint-Antoine. Mais là il s’étend et la grève est illimitée.   

Même en grève, les urgences fonctionnent

Il y a une obligation de service public, les infirmiers, brancardiers soignent en portant un brassard. Les services risquent quand même de tourner au ralenti. Les personnels espèrent que leur mouvement va faire tache d’huile bien au-delà des seuls hôpitaux de l’Île-de-France, Ils comptent aussi sur le soutien de l’opinion publique car la santé est un thème qui a émergé du grand débat. Les personnels font pression pour obtenir une augmentation de 300 euros.  Les policiers ont obtenu des primes, pourquoi pas eux ?    

Peu de chances d'obtenir une augmentation des salaires

Le contexte n’est pas vraiment aux augmentations de salaires dans la fonction publique. Même si le niveau de rémunération des infirmiers et aide-soignants hospitaliers est relativement bas en France. Selon une étude de l’OCDE de 2015, il y a que trois pays où il est plus faible que le salaire moyen du pays : La France, la Slovaquie et la Hongrie. À l’AP-HP avec les heures sup, et primes intégrées, le salaire moyen d’infirmier se situe entre 1 700 et 1 800 euros net. Dans son livre sur L’hôpital à cœur ouvert , paru il y a deux ans aux éditions Stock, Martin Hirsch, le directeur de l’AP-HP explique d’ailleurs qu’une augmentation de 10% des rémunérations – pour ramener le salaire d’un infirmier au salaire moyen en France – représenterait quatre milliards d’euros par an. Autant dire qu’étant donné les contraintes budgétaires de l’AP-HP qui reste le plus gros employeur public parisien, avec 100 000 agents, cela semble peu envisageable.   

Une grève qui risque de durer

Il faut voir ce qui va ressortir des échanges qui doivent se tenir lundi 15 avril avec les syndicats et la direction. La direction a déjà tenté de calmer la grogne en promettant des effectifs pour plus de sécurité des agents, mais aussi en s’engageant à remplacer réellement les congés maternité en promettant aussi 45 nouveaux postes pour l’ensemble des 39 hôpitaux. Mais ça fait à peine un emploi en plus par hôpital, ça ne peut pas suffire, disent les syndicats. Ils se préparent déjà à durcir leur mouvement à partir de jeudi prochain et tout le week-end de Pâques.

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