Le décryptage éco. La compagnie aérienne EasyJet a-t-elle les moyens de s'implanter encore un peu plus en France ?
La compagnie EasyJet renforce son offre en France, après l'inauguration d’une nouvelle base aérienne sur l’aéroport de Nantes-Atlantique. Mais en a-t-elle seulement les moyens ? Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").
La compagnie EasyJet s'implante à Nantes. Un choix stratégique parce que Nantes-Atlantique, c’est l’aéroport français qui a connu la plus forte croissance ces dernières années. Sept millions de passagers y ont transité en 2018 et il devrait y en avoir deux millions de plus d’ici vingt ans. Cette progression est attendue suite à l’abandon du projet de Notre-Dame-Des-Landes.
C’est d’autant plus capital pour la compganie EasyJet d’être présente à Nantes que son concurrent Transavia, la filiale à bas coût d’Air France-KLM, y est très implanté. Transavia a beaucoup augmenté sa présence l’année dernière alors Easyjet contre-attaque : la compagnie va accueillir trois Airbus A320 à Nantes et embaucher 110 personnes. Elle ambitionne de capter, à elle seule, 25% du trafic aéroportuaire nantais.
La compagnie EasyJet bien implantée en France
EasyJet, c’est 15% des part de marché en France. La compagnie occupe la deuxième place des compagnies aériennes dans l'Hexagone, derrière Air France. Elle est déjà présente dans 19 aéroports français, mais prévoit d’ouvrir plusieurs nouvelles lignes comme à Nantes mais aussi depuis Bordeaux ou Lyon. Ce déploiement devrait porter à 250 le nombre de lignes EasyJet depuis et vers la France. Elle mise vraiment sur l’augmentation de ses liaisons court-courriers européennes, c’est son modèle de développement.
Un marché du low cost très concurrentiel
La compagnie gagne des clients : entre 2017 et 2018, elle a transporté 90 millions de passagers, soit un bond de 10% . Mais si EasyJet veut continuer à tirer son épingle du jeu dans la concurrence sanglante que se mènent les lows cost, elle doit continuer à augmenter les volumes sans toucher trop à ses prix car les temps sont particulièrement rudes pour ces compagnies aériennes low cost. Depuis l’été dernier déjà une dizaine d’entre elles ont mis la clef sous la porte, comme la Britannique Monarch ou encore l'Allemande Air Berlin. Et dernière victime en date : l’Islandaise WOW Air, qui s’est déclarée en faillite à la fin du mois de mars 2019.
Il y a plusieurs explications. D’abord, la flambée des prix du pétrole. Les cours remontent, le baril a franchi, jeudi 4 avril, la barre des 70 dollars, du jamais vu depuis novembre. Mais il y a aussi l’habitude des voyageurs. Ils veulent avoir accès à des prix très bas et ne veulent pas payer plus cher.
EasyJet en perte de vitesse
Globalement, cette hécatombe pose aussi la question du modèle économique de ces compagnies à bas coût. Le secteur est très atomisé, il y a beaucoup d’acteurs, peut être trop. Il tend à se concentrer.
Si Easyjet se porte bien, le ciel pourrait s’assombrir. Car dans ce contexte, la compagnie accuse de sérieuses pertes depuis six mois, près de 319 millions d’euros. Et puis, c’est une compagnie britannique qui s’inquiète, à raison, du flou avec le Brexit.
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