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Le décryptage éco. La pieuvre Amazon étend encore sa toile

Déjà installée à Seattle, la firme américaine Amazon va installer deux nouveaux sièges aux Etats-Unis. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion")

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Illustration. Entrepôts Amazon en Allemagne en novembre 2018. (DPA / MAXPPP)

Cela faisait plus d’un an qu’Amazon maintenait le suspens. Le géant de la vente en ligne cherchait un emplacement pour installer son second siège social, en plus de celui déjà existant à Seattle. La société a même organisé un concours permettant à n’importe quelle ville de lui envoyer sa candidature, mettant ainsi en concurrence les villes américaines, avec une prime au plus offrant.

Et ça a marché : 238 villes ont candidaté, à force de crédit d’impôts et de promesses d’infrastructures. Amazon a finalement choisi de scinder en deux son projet et de créer deux sièges : un à Long Island en face de Manhattan, dans la banlieue de New York. L’autre dans la proche banlieue de Washington. 

Des emplois crées

En ouvrant ces nouveaux sièges, Amazon prévoit de créer 50 000 emplois. Ça peut faire rêver en France. 50 000 emplois, c’est l’équivalent d’une ville moyenne. Même si, bien évidemment, il faut se pencher sur la qualité de ces emplois. Car Amazon a souvent été épinglé pour les conditions de travail. Là, les emplois seront payés entre 100 000 et 150 000 dollars par an.

50 000 emplois, c’est bien la promesse globale faite par Amazon aux villes qui vont donc l’accueillir. Du coup, ce sera 25 000 emplois pour chaque ville. Une promesse à laquelle s’ajoute aussi 5 milliards de dollars d’investissement sur 20 ans.

Avantages fiscaux

En échange, les villes déroulent le tapis rouge. Car ces installations sont le résultat de vives négociations. La firme devrait économiser jusqu'à 1 milliard et demi de dollars en avantages fiscaux et autres à New York, et au moins 575 millions de dollars d'aides diverses en Virginie. Ce qui ne manque pas de provoquer des critiques, car Jeff Bezos et son équipe ont suscité de faux espoirs dans les nombreuses localités pressenties. Pour finalement choisir deux centres urbains qui n’ont pas vraiment besoin de ces emplois plutôt que de privilégier des  agglomérations qui auraient plus besoin de se développer économiquement.

Le prix des logements pourrait exploser

La spéculation foncière à venir a commencé dans ces zones. New York comme Washington souffrent déjà d’un manque de logements abordables et d’un nombre élevé de sans-abris. À Seattle, où est situé le premier siège d’Amazon, qui emploie 45.000 personnes, les loyers ont augmenté de 31% entre 2013 et 2018 et la valeur de l’immobilier a pris 73%. Ce qui a conduit au déplacement des foyers à bas revenu.

Cette histoire des sièges d’Amazon anime l’Amérique. Car le géant de la distribution en ligne est une multinationale qui roule sur l’or. Amazon, c’est 800 milliards de dollars en bourse – elle a même dépassé, avec Apple, les 1 000 milliards de capitalisation cet été –. Et Jeff Bezos, son patron actionnaire est l’homme le plus riche du monde.

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