Le décryptage éco La prime d'activité, victime de son succès
Il vous reste quelques jours, jusqu'à la fin du mois, pour demander la prime d'activité. Elle sera revalorisée en février prochain. Le décryptage éco de Fanny Guinochet (L'Opinion).
Ces trois dernières semaines, sept millions de Français ont utilisé le simulateur en ligne de la Caf pour voir s'ils y ont droit : c’est dix fois plus qu'en temps normal et presque deux fois plus que lors de la création de la prime d’activité en janvier 2016, lorsqu’elle avait remplacé la prime pour l'emploi et le RSA activité. Cette prestation est victime de son succès. Certes, aujourd’hui encore, il y a des personnes qui ne la demandent pas, mais le taux de recours a nettement progressé, huit personnes sur dix éligibles ont fait la démarche pour en bénéficier.
Date limite : le 31 janvier
Vous avez jusqu'au 31 janvier dernière limite pour faire votre dossier si vous souhaitez toucher ce complément de revenu le 5 février. Cette prime vise les travailleurs modestes, qu’ils soient salarié ou indépendant ou même agriculteur. Les étudiants salariés et apprentis peuvent aussi y prétendre, les travailleurs à temps partiel aussi. Mais attention, tout dépend de vos conditions de ressources. Cette prestation sociale est versée tous les mois, le montant moyen versé est estimé à 160 euros par mois.
Et le 10 décembre dernier, Emmanuel Macron a annoncé que la prime d’activité serait augmentée. La hausse était prévue mais sous la pression de la crise des gilets jaunes, le calendrier a été avancé. Cette aide est augmentée de 90 euros maximum pour certains ménages qui la percevaient déjà, ce qui va permettre par exemple à un travailleur seul gagnant le SMIC de passer de 150 à 240 euros de prime d'activité chaque mois. Pour un couple avec deux enfants, chaque conjoint touchera presque cent euros de plus si leurs salaires additionnés ne dépassent pas 3 000 euros net par mois.
Mais, surtout, le gouvernement a aussi élargi le nombre de ménages qui pourront y avoir droit : du coup, on devrait doubler le nombre de foyers qui vont en bénéficier, et atteindre cinq millions. Si on compte les conjoints et les enfants, ce sera plus de sept millions et demi de personnes qui seront concernées.
Un instrument de lutte contre la pauvreté
Beaucoup ont regretté que dans les mesures annoncées en décembre pour augmenter le pouvoir d’achat, le président n’ait pas tout simplement annoncé une hausse claire du SMIC. Mais il y avait un risque négatif potentiel sur l’emploi, cela aurait pu freiner les embauches, car la hausse aurait été supportée par les entreprises. Si le gouvernement a préféré augmenter la prime d’activité, c’est parce qu’elle permet de mieux cibler les foyers pauvres.
Contrairement au SMIC, la prime d’activité est calculée en fonction de la composition du ménage et notamment la présence d’enfants. Or, dans l’hexagone, aujourd’hui un enfant sur cinq est pauvre.
Et de l’avis de plusieurs économistes, la prime d’activité est un très bon outil pour aider les familles monoparentales pauvres, par exemple, c’est un instrument efficace de lutte contre la pauvreté. Actuellement, elle coûte près de six milliards d’euros aux finances publiques.
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