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Le décryptage éco. Les vœux d'Emmanuel Macron sous le signe de l'économie

Il a beaucoup été question déconomie dans les vœux du président de la République, dimanche 31 décembre 2017. Le décryptage de Fanny Guinochet.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet (L'Opinion)
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Une femme regarde les vœux d'Emmanuel Macron à la télévision, le 31 décembre 2017. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Dans ses vœux du 31 décembre 2017, Emmanuel Macron a voulu insister sur la notion de solidarité, de fraternité. Ses vœux étaient très orientés vers les plus fragiles, avec ces phrases chocs : "La réussite ne peut être que le succès de quelques uns" ou encore "Tant de nations sont en train de se fracasser parce que seuls quelques-uns y réussissent".

C’est évidemment une réponse à la critique de ces derniers mois, sur Emmanuel Macron président des riches. Il s’est adressé aux Français avec un étonnant "J’ai besoin de vous" qui, sur le terrain économique, vise aussi les patrons, les chefs d’entreprises, notamment ceux qui étaient partis de France sous les quinquennats précédents. Après la suppression de l’ISF, les ordonnances qui ont réformé le code du travail il leur dit en substance : revenez ! Et embauchez.

Pas sûr pour autant que ce discours ait rassuré les plus fragiles. Cela va rester la difficulté pour Emmanuel Macron en 2018. Car dans les réformes à venir, par exemple, il y a des sujets qui pourraient être pris comme allant contre les plus fragiles. Il envisage de réformer le smic, dans la loi entreprises de Bruno Le Maire.

2018, année du travail ?

Et puis il va falloir attendre pour voir les effets de sa politique économique. Le 27 décembre, dans une interview à El Mundo (article en espagnol), Emmanuel Macron disait qu’il faudra attendre 18 mois. On l’a vu ces derniers jours, avec les ruptures conventionnelles collectives issues des ordonnances sur la réforme du code du travail : chez Pimkie ou PSA, il y a plutôt eu des licenciements.

Pourtant, 2018 sera l’année du travail, a estimé Emmanuel Macron. Il a notamment insisté sur la réforme de l’apprentissage, celle de la formation professionnelle ou de l’assurance chômage. Ces réformes constituent le volet sécurisation des parcours, le pendant des ordonnances de 2017.

Emmanuel Macron s’est montré très déterminé pour les mener avec un message pour ses opposants : "Je vous écouterai mais je ferai". C’est un message aux syndicats, qui sont dans la concertation et la négociation sur ces réformes. Mais c’est une mise sous pression, il prévient qu’il passera outre les mécontentements.

Balance commerciale et chômage

Au-delà des vœux, Emmanuel Macron espère profiter de la reprise. Les voyants seraient-ils au vert pour 2018 ? La prévision de croissance de l’Insee est à plus de 1,9%, voire 2 ; le climat des affaires a rarement été aussi haut et cela fait dix ans que les chefs d’entreprises n’ont pas eu le moral aussi élevé ; la Bourse de Paris en 2017, réalise sa meilleure performance depuis quatre ans.

Mais le président devra faire face à deux problèmes : d’abord, notre balance commerciale qui est déficitaire. Les chiffres sont très mauvais. Même avec la reprise, on importe beaucoup plus qu’on exporte et on consomme des produits qui ne sont pas fabriqué chez nous. Sur les 12 derniers mois, le déficit de la balance commerciale ressort à 61 milliards d'euros, contre 48,2 milliards d'euros pour l'année 2016.

Le chômage, ensuite. Selon les prévisions de l’Insee, la France restera en dessus des 9% de chômeurs en 2018, ce qui est en deçà des performances de nos voisins. Car même avec la reprise, on a un problème en France : la demande ne correspond pas à l’offre. Il y a des pénuries de main-d’œuvre, en même temps qu’il reste des offres d’emploi non pourvues

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