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Le décryptage éco. Nouveau retard à Flamanville, Fessenheim devrait fonctionner plus longtemps que prévu

Nouveau coup dur pour EDF qui vient d'annoncer un possible nouveau retard du démarrage de l’EPR de Flamanville. EDF dit qu’il va poursuivre l'exploitation de la centrale nucléaire de Fessenheim jusqu'à l'été 2019. Le décryptage de Fanny Guinochet.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
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Temps de lecture : 3min
L"EPR de Flamanville (Manche) en construction, le 16 novembre 2016. (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

EDF a annoncé un possible nouveau retard du démarrage de l’EPR de Flamanville,
qui donnerait un sursis à la centrale de Fessenheim. C’est un nouveau coup dur pour EDF ! Le réacteur nucléaire que l’entreprise construit à Flamanville, dans la Manche, accumule les problèmes de fabrication. Cette fois, ce sont des défauts de soudures qui entraînent de nouveau des retards. L’EPR, qui devait démarrer à la fin de l'année, pourrait être mis en service dans plusieurs mois, voire un an. 

Du coup, dans un communiqué, EDF dit qu’il va poursuivre l'exploitation des deux réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim, dans le Haut-Rhin, jusqu'à l'été 2019, soit plus tard que prévu. Si EDF lie les deux installations c’est parce que dans la loi, il y a un plafond de production nucléaire globale : à partir du moment où l’EPR sera en service, il sera nécessaire de fermer des réacteurs. Mais de l’avis de plusieurs experts, mais aussi d’associations antinucléaires, EDF en profite en réalité pour jouer la montre. 

L’EPR tourne au fiasco industriel

Économiquement EDF n’a pas intérêt à fermer Fessenheim. La plus vieille centrale de France est une machine à cash pour l’entreprise. EDF a fait les investissements, aujourd’hui rentabilisés, et a donc tout intérêt à faire tourner autant que possible la centrale. Surtout quand, dans le même temps, la société perd de l’argent, beaucoup d’argent même, avec l’EPR de Flamanville. 

Le chantier lancé en 2007, devait être terminé en 2012. Après six ans de retard, sa facture initiale a triplé pour atteindre plus de 10 milliards d’euros. Et ce n'est pas fini !  L’agence de notation financière Moody’s a évalué entre 500 millions et un milliard d’euros le coût d’une année de retard pour EDF. Il y a les pertes financières, mais il y aussi l’image auprès des clients étrangers, comme l’Inde ou les Britanniques qui ont commandé deux EPR à EDF.

EDF dans la tourmente

Ce retard de Flamanville s’inscrit en outre dans un contexte où EDF n’a pas de bons résultats. L’entreprise a par exemple perdu près d'un million de clients particuliers l'an dernier qui sont partis chez des concurrents. "2017 est un point bas", a reconnu le PDG d’EDF Jean-Bernard Levy lors de l’assemblée générale, le mois dernier. Le dirigeant tablait sur "2018, l’année du rebond." Avec les déboires de l’EPR rien n’est moins sûr !

Le gouvernement s’est engagé à fermer Fessenheim. C’est ce qu’a rappelé le secrétaire d'Etat à la Transition écologique Sébastien Lecornu
 : "La fermeture de Fessenheim est actée et irréversible", a-t-il dit hier, mais en se gardant bien de donner une date. Le gouvernement n’a visiblement pas envie de monter au créneau sur le dossier Fessenheim car outre les enjeux financiers, il y a l’aspect social. Fessenheim fait travailler au moins 2 000 personnes, dans une région difficile.

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