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Le décryptage éco.Taxer les robots : la fausse bonne idée de Benoît Hamon

Faut-il taxer les robots ? Benoît Hamon est pour, Arnaud Montebourg est contre, et le Parlement européen y réfléchit. Bonne ou mauvaise idée ?

Article rédigé par franceinfo, Vincent Giret
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Benoit Hamon, candidat à la primaire de la gauche, en meeting à Clermont-Ferrand, le 16 janvier 2017. (THIERRY ZOCCOLAN / AFP)

L'idée de taxer les robots ne laisse pas indifférent les politiques. Même le Parlement européen y réflechit.

Examinons d’abord le phénomène de la robotisation de l’économie. D’abord, il y a bien une accélération très forte, l’achat et la mise en œuvre de robots dans l’économie française s’accélèrent depuis deux ou trois ans. La France était en retard, elle est désormais engagée dans un rattrapage. En France, il y a environ un peu plus d’un robot pour 100 emplois, mais c’est presque deux aux Etats-Unis, deux et demi en Allemagne, et même trois au Japon.

Nos économies se robotisent d’abord dans l’industrie, mais aussi désormais dans les services. On a vu vendredi 13 janvier, par exemple, un mouvement de grève dans les magasins Auchan, où les caissières protestaient contre l’arrivée de caisses intelligentes qui, de fait, diminue le nombre d’emplois de caissières et transforment très concrètement leur travail.

Un monde de plus en plus robotisé

Si on se projette dans les cinq à dix années qui viennent, les robots vont se multiplier, beaucoup seront équipés d’intelligence artificielle, qui fait actuellement des progrès spectaculaires et ces machines vont bien s’implanter jusque dans les métiers de l’audit et du droit mais aussi dans des tas d’autres domaines, de l’agriculture à la santé en passant par la mobilité, avec la voiture autonome qui arrivera très bientôt dans notre quotidien.

Si l’on en croit plusieurs études sérieuses, 9 à 10% des emplois seraient menacés par cette robotisation. C’est en effet une gigantesque transformation du travail qui est à l’œuvre sous le coup à la fois de la numérisation, de la robotisation et de l’intelligence artificielle.  

Taxer ces machines plutôt que les emplois

Cela paraît à première vue, une solution assez simple et naturelle. Puisque la protection sociale repose en France sur les salaires, pourquoi ne pas taxer ces machines et ces robots qui remplacent des emplois. C’est le point de vue de Benoît Hamon, qui entend financer son revenu universel de cette manière et plus surprenant, c’est aussi une idée que reprend en partie un rapport adopté jeudi dernier par la commission juridique du Parlement européen.

L’idée est de demander aux entreprises d’évaluer la contribution de ces robots aux résultats de l’entreprise. Le débat est donc lancé. Mais cette idée de taxer les robots, soulève aussi des objections très solides :

La première objection : c’est que cette transformation technologique est aussi créatrice d’emplois. Les économistes ont calculé qu’un emploi créé dans les technologies entrainaient en moyenne la création de cinq emplois complémentaires.

Deuxième objection : la robotisation permet des gains de productivité, mais elle ne diminue pas nécessairement le nombre d’emplois : disons qu’elle les transforme, et exige de nouvelles compétences, et souvent de la formation. L’emploi survivra donc aux nouvelles technologies, mais beaucoup d’emplois seront transformés. Le meilleur exemple est celui de l’Allemagne, qui a à la fois le nombre de robots les plus élevés d’Europe et le plein emploi.  

Troisième objection : cette histoire là n’est pas nouvelle, la robotisation n’est que le dernier prolongement de la mécanisation amorcée avec la révolution industrielle. Donc la freiner par une taxe sur les robots serait totalement contre productif. Le problème de la France n’est pas tant qu’elle a trop robots dans ses entreprises, mais qu’elle n’en a pas assez.

La solution n’est donc pas dans la taxation des robots, mais plutôt dans l’adaptation de l’économie française et surtout de sa force de travail. C’est un défi supplémentaire pour notre système éducatif, pour notre système de formation professionnelle, pour notre capacité à gérer dans les entreprises la transformation des compétences.  Et là, public ou privé, tout le monde est concerné. 


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