Cet article date de plus de sept ans.

Le décryptage éco. Trump contre Apple

Donald Trump veut qu’Apple fabrique ses iPhone aux Etats-Unis et non plus en Chine. La bataille fait rage.

Article rédigé par franceinfo, Vincent Giret
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Donald Trump en meeting à Sandown dans le New Hampshire le 6 octobre 2016, pris en photo par un de ses supporters. (MARY SCHWALM / AFP)

Donald Trump veut qu'Apple fabrique ses iPhone aux Etats-Unis et stoppe sa fabrication en Chine. C'est une bataille très politique et très symbolique qui se joue ces jours-ci avant même que Donald Trump ne s’installe à la Maison Blanche en janvier prochain. Le président américain, on le sait, n’a eu de cesse tout au long de sa campagne de s’en prendre à ces entreprises, à ces industries qui ont délocalisé leur production et leurs emplois et fermé des usines pour s’installer ailleurs dans le monde et notamment en Chine. Trump avait pris à parti tout spécialement et très violemment Apple demandant à ses dirigeants, les sommant même, je cite, de "faire fabriquer ses satanés ordinateurs et autres trucs, dans ce pays, aux Etats-Unis, plutôt que dans d’autres pays". Puis, il avait menacé la Chine et Apple d’imposer des droits de douanes colossaux, de plus de 45% sur les produits importés de Chine. Depuis son élection, Donald Trump a révélé la semaine dernières à nos confrères du New York Times, qu’il était en discussion avec Tim Cook, l’actuel patron d’Apple et successeur du génial Steve Jobs. Trump affirme lui avoir dit en substance, qu’il avait besoin d’un succès politique, pour montrer qu’il était capable de mettre en œuvre son slogan America First, qu’il allait très fortement baisser les impôts, diviser par deux l’impôt sur les sociétés, supprimer "des normes stupides" et qu’il était donc prêt à aider Apple à relocaliser au moins une partie de sa production aux Etats-Unis.

Le patron d'Apple garde le silence 

Tim Cook ne doit pas beaucoup aimé d’être pris ainsi dans les mailles du filet du nouveau président américain. Apple se trouve, en effet, dans une situation très délicate, presque en plein doute et cela ne lui est pas arrivé souvent. Les revenus de la firme ont reculé de 12%, et l’iPhone, qui va fêter ses dix ans l’an prochain, représente aujourd’hui près de deux-tiers de son chiffres d’affaires. Et le cas de l’iPhone est extrêmement emblématique de la manière dont fonctionne la mondialisation, ce qu’est aujourd’hui la mondialisation : Apple, et pas seulement pour l’iPhone, recourt en tout à plus de 700 fournisseurs, employant au total plus d’un million et demi de personnes dont la plupart se trouvent en Chine, au Japon ou à Taiwan. Pour rester sur le cas de l’iPhone, il est certes dessiné en Californie, mais les Chinois en assemblent les différents composants qui sont produits par plus de 600 sous-traitants dans près de 30 pays. C’est donc tout un écosystème sophistiqué qu’Apple a construit autour de ses iPhone. C’est ce que les économistes appellent l’étirement extrême de la chaine de valeurs et ça c’est au cœur de ce qu’est la mondialisation aujourd’hui. On est passé d’une logique où une usine produisait et assemblait ses produits dans un seul pays et dans un seul lieu. A un écosystème sophistiqué où la chaîne de production et de montage est complètement éclatée et met en interaction des centaines de partenaires, en fonction à la fois des compétences requises, des savoir-faire technologiques et des coûts de la main d’œuvre.

Le combat de Trump perdu d'avance ? 

C’est effectivement le plus probable, Donald Trump va perdre son pari. Apple pourrait toujours rouvrir une usine de plus aux Etats-Unis en signe de bonne volonté. Mais il ne pourrait changer son système de production sans se mettre en très grand danger et risquer le chaos. Derrière ce bras de fer, on comprend bien que la démondialisation ne va pas de soi, qu’on ne peut démondialiser sur un coup de menton, même quand on est le président des Etats-Unis. La mondialisation est certes contestée, mais elle est bien là pour durer.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.