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Le prix du baril de pétrole chute : une bonne nouvelle ?

Le prix du baril de pétrole s’effondre et cette chute spectaculaire, en quelques mois seulement, rebat les cartes de l’économie mondiale. Ce n’était pas vraiment prévu. Est-ce vraiment une bonne nouvelle ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (© Christophe Abramowitz)

C’est un choc pétrolier à l’envers auquel on assiste aujourd’hui Fabienne : en cinq mois, le prix du pétrole a chuté de 30%, de 115 dollars le baril à 70 aujourd’hui et c’est considérable. Pourquoi ? Pour au moins trois raisons : 1 - le ralentissement de l’économie mondiale, et notamment de la Chine ; 2 – l’explosion de la production américaine de pétrole de schiste ; 3 – un bras de fer ou une sorte de jeu de go, géopolitique complexe essentiellement entre l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis. Et tout indique, que cette baisse va se poursuivre, au moins une bonne partie de l’année 2015. Globalement, oui, c’est une bonne nouvelle pour l’économie mondiale, l’énergie coûte moins cher, et cela équivaut à plus de 1100 milliards qui sont réinjectés dans l’économie mondiale à un moment où elle en a bien besoin.

L’Europe et la France font clairement partie des gagnants de la baisse des prix du brut…

Oui, on sait que chez nous, la crise de 1973, est née d’une première flambée des prix du pétrole. Aujourd’hui la France et l’Europe sont bp moins dépendante de l’or noir, mais la chute des prix, c’est quand même un vrai ballon d’oxygène, un gain que les économistes chiffrent à 0,5% de Pib en deux ans. C’est inespéré. En France, c’est trois bonnes nouvelles en une :

1 – La facture énergétique de la France va diminuer de 5 milliards dès cette année 2014.

2 – Pour notre industrie, le gain espéré est même supérieur à l’effet des baisses de charges du CICE, du crédit compétitivité emploi. On peut ajouter, pour que pour le transport routier, l’aérien avec Air France, ou la chimie, c’est un sérieux coup de pouce.

3 – C’est bon aussi pour les Français aussi, essence et fioul moins cher, au moment où l’hiver arrive. Voilà qui pourrait donc dynamiser un peu l’économie française.

Mais il y a aussi des perdants et ils sont nombreux.

Oui, si la France, l’Europe, les Etats-Unis ou la Chine, profitent déjà de la baisse du prix du pétrole, et bien à contrario, tous ceux dont les recettes sont massivement dépendantes des cours du brut sont frappés de plein fouet. Et il y a parmi eux des pays fragiles. La Russie d’abord : à chaque fois que le cours du pétrole baisse d’un dollar et bien la Russie perd plus d’un milliard et demi de revenu. C’est colossal, pour une économie qui est déjà durement touché par les sanctions occidentales. D’autres grands pays producteurs sont aussi concernés : le Venezuela, qui vit sur un volcan, le Nigeria, la première puissance économique d’Afrique, déjà déstabilisé par le terrorisme ; l’Iran, dont la vente du pétrole lui procurent l’essentielle des devises dont le pays a besoin pour son économie, et puis des pays plus fragiles encore, comme l’Irak et la Libye, qui n’avaient pas besoin de ça.

Enfin, il y a une sorte de paradoxe : si l’économie mondiale va globalement profiter à très court terme de l’effondrement des cours, il ne faudrait pas que ce mouvement ralentisse la transition énergétique et l’effort massif en faveur des énergies renouvelables. Il n’y a pas de répit qui tienne en matière de lutte contre le réchauffement climatique.

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