Le remède de cheval préconisé par Mario Draghi pour booster la compétitivité de l'Europe
Mario Draghi a publié un rapport sur la compétitivité de l’Europe, lundi 9 septembre. L’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) lance un véritable cri d’alarme : si le vieux continent ne veut pas décrocher, il lui faut investir massivement. Quelque 800 milliards d'euros de plus par an, c’est le montant préconisé par Mario Draghi pour enrayer le déclin, le lent décrochage de l’Europe face aux États-Unis et à la Chine. Huit cents milliards d’euros, cela représente cinq points de plus de pourcentages du PIB européen. Un niveau jamais atteint depuis un peu plus de 50 ans. Sans quoi, pas de miracle, selon l’italien, qui s’était fait connaître en 2012 pour défendre l’euro. L’Europe ne pourra pas devenir à la fois un leader des nouvelles technologies, être un modèle de responsabilité climatique, ou financer son modèle social. Bref, il y va de notre survie. "C’est un défi existentiel", assure Mario Draghi.
Un changement radical de logiciel
Dans son rapport de 400 pages, Mario Draghi livre plus de 170 recommandations, avec de nombreuses réformes. Impossible de toutes les détailler, mais on peut citer dans les grandes lignes : accélérer l'innovation pour combler le fossé avec les États-Unis et la Chine, mettre en place un grand plan commun pour décarboner notre économie et sécuriser nos matières premières, et éviter la dépendance stratégique. L’Europe a commencé à le faire avec les gigafactories de batteries, mais il faut aller plus loin, selon lui, avec la création d’une union de l’énergie. Il met aussi en avant une autre idée : changer la gouvernance européenne, pour en finir avec les lourdeurs politiques.
Mario Draghi préconise de s’attaquer aux normes. C’est une critique fréquente faite à l’Europe. Trop de lois, de règles, de bureaucratie tuent l’innovation, la créativité, la liberté d’entreprendre. Preuve en est, un tiers des start-up européennes de plus d’un milliard de dollars finissent par partir, souvent aux États-Unis. D’où l’idée d’alléger les règles de concurrence, notamment en autorisant des fusions dans les secteurs stratégiques, notamment les télécoms, la défense, ou encore l’intelligence artificielle. Au nom de la concurrence, l’Europe empêche souvent des rapprochements qui pourraient créer des fleurons européens. Plutôt que de les empêcher d’emblée, il faut les laisser se faire et voir après , dit Mario Draghi.
Ces recommandations semblent difficiles à mettre en place, car politiquement, il y a un blocage. Certes, Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, qui a commandé le rapport, a promis lundi que ces préconisations, inspireraient son second mandat, mais les dirigeants politiques Olaf Scholz en Allemagne, comme Emmanuel Macron France, sont affaiblis, peu enclins, peu armés pour peser pour un grand plan de relance ou pour un grand emprunt, comme on a fait pendant le Covid. D'ailleurs pour trouver l’argent, en période de disette budgétaire, aucun dirigeant ne voudra s’afficher comme autorisant de nouvelles dépenses.
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