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L’économie française peut-elle créer des emplois ?

Alors que le chômage a battu un nouveau record hier, dépassant la barre des 3 millions et demi de demandeurs d’emplois en France métropolitaine, un rapport, révélé ce matin, décrit les mutations du marché de l’emploi : des changements considérables se préparent…
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Franceinfo (Franceinfo)

Dans un rapport passionnant, publié de manière très opportune, par France Stratégie, l’ancien commissariat au plan, on découvre effectivement l’ampleur des bouleversements qui vont affecter le marché de l’emploi en France dans les sept ans qui viennent.

D’abord, 1ère question : est-ce que l’économie française va être capable de créer massivement des emplois dans les années à venir, alors qu’aujourd’hui, on s’interroge pour savoir si la France n’est pas en train de vivre une reprise de la croissance sans effet sur l’emploi. L’enquête tout à fait sérieuse des économistes est sur ce point rassurante, l’économie française va continuer de créer chaque année entre 115 000 et 210 000 emplois selon les scénarios de croissance et de productivité retenus.

Et en même temps, le nombre de postes à pourvoir va augmenter très fortement…

C’est l’un des chiffres clés du rapport, un profond renouvellement de la population active est à l’œuvre, provoqué par les départs massifs à la retraite des générations du baby boom de l’après guerre. Entre 2012 et 2022, c’est 620 000 personnes par an, en moyenne, qui vont quitter le marché du travail, soit plus de 6 millions de Français d’ici 2022. C’est considérable. Ce qui veut dire qu’au total, entre les créations d’emplois et le nombre de postes à remplacer, il y a aura entre 730 et 830 000 postes à pourvoir chaque année. La France n’avait jamais connu une telle mutation. On entre donc dans une ère de grande mobilité du marché du travail. Il faut savoir aussi que la population active – c’est à dire en âge de travailler – va continuer pourtant d’augmenter, malgré ces vagues de départs : d’une part parce que la natalité française s’est bien portée, mais aussi parce que les séniors vont travailler plus longtemps, au delà de 55 ans, pour financer leur retraite, ce qui fait l’âge moyen de la population active va même augmenter.

Qui va profiter de ces changements ?

Si je caricature un peu, il sera plus que jamais préférable d’habiter une grande ville, d’avoir fait des études supérieures, et d’avoir choisi un métier de service. Il va y avoir, ce que les économistes appellent une polarisation de l’emploi : tout en haut, une forte augmentation des emplois très qualifiés, beaucoup de métiers de cadres et toujours dans les grandes métropoles ; et en bas de l’échelle, les métiers peu qualifiés vont se stabiliser ou augmenter comme les métiers d’aide à la personne, d’aides à domicile ou de sécurité. Au milieu, le poids des ouvriers ou des employés qualifiés aura tendance à diminuer, comme celui des métiers agricoles. En fait les mutations à l’œuvre sont à la fois démographiques, économiques, sociétales, de grande ampleur et elles constituent un défi considérable pour la formation professionnelle et l’éducation, qui sont justement deux points noirs du système français. Ce rapport, en creux, dit toute l’urgence de la réforme dans ces deux domaines dont dépend notre avenir. J’ajoute un mot Fabienne, ce rapport fait le point métier par métier, j’encourage donc ceux que ça t’intéresse d’aller jeter un œil sur le site www.stratégie.gouv.fr.

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