Les diplômes ne permettent plus d'accéder au monde du travail
J’avoue que je me suis frotté les yeux ce matin pour être sûr que j’avais bien lu la dernière enquête de l’Apec, la très sérieuse association pour l’emploi des cadres, Chaque année, l’APEC interroge plusieurs milliers de jeunes diplômés pour savoir s’ils ont trouvé un emploi, un an après avoir terminé leurs études,
Et que découvre-t-on dans la dernière livraison de l’Apec publiée hier ? Que 37% des bac + 5 sont au chômage un an après l’obtention de leur diplôme, soit plus d’un sur trois ! Regardons plus précisément encore : plus d’un jeune sur deux, titulaire d’un master, ou d’un doctorat obtenu au printemps 2013, n’a toujours pas décroché un premier emploi, bien sûr tous les diplômes ne se valent pas les ingénieurs ou les diplômés d’école de commerce s’en sortent un peu mieux que les autres, mais la situation de cette génération est sans précédent, Et, nous dit le directeur de l’Apec, « ça va durer, dans un contexte défavorable de croissance quasi-nulle », « Ce taux d’emploi n’est pas bon, ajoute le patron de l’Apec qui manie à l’évidence aussi bien l’euphémisme que les chiffres, mais, précise-t-il, il reste supérieur à celui des autres jeunes », Heureusement ! , a-t-on envie de lui dire, La France est déjà connue, ou plutôt montrée du doigt dans toutes les études internationales pour ses 140 000 jeunes qui sortent chaque année du système scolaire, et voilà maintenant que les plus diplômés ont bien du mal à décrocher un premier job !
Faut-il en conclure que la France n’aime pas ses jeunes ?
Je n’ai vraiment pas envie de dire ça, mais les réalités sont tenaces, Je suis tombé sur une autre étude publiée par trois économistes de la chaire de Transitions démographiques à l’Université Paris Dauphine, Ils ont passé au crible tous les transferts publics intergénérationnels, Et que découvre-t-on ? Une nouvelle anomalie française : les jeunes sont oubliés pour ne pas dire sacrifiés, les actifs surtaxés et les retraités quasiment épargnés, Aucun autre pays européen n’est à ce point quasi caricatural que la France, Aucun de nos voisins n’a inscrit dans ses politiques publiques un tel arbitrage démesuré aussi défavorable aux plus jeunes générations, et aussi généreux avec ses baby-boomers, qui ont occupé, on le sait, une place centrale dans notre société.
Depuis quand cette situation perdure ?
Soyons justes et précis, cela ne date pas d’hier, ni même d’avant hier, c’est le grand non-dit des politiques publiques depuis plusieurs décennies, Alors que la crise et le vieillissement de la population auraient du réorienter les grands choix politiques, la tendance est demeurée la même, les jeunes ne pèsent pas assez dans le débat public, et leur représentation demeure marginale, La solidarité intergénérationnelle est familiale pour ceux qui le peuvent, elle est gravement insuffisante vue sous l’angle des politiques publiques, Je n’ose rappeler Fabienne, que François Hollande avait fait de la jeunesse la priorité n°1 de son quinquennat .
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