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Que ferait la droite en matière sociale ?

Le choix de Manuel Valls d'utiliser l'article 49.3 pour faire passer la loi Travail suscite beaucoup de critiques. Y compris dans les rangs de la majorité. Les députés Front de Gauche menacent même de signer la motion de censure de droite. Mais qu'aurait fait la droite en matière sociale si elle était au pouvoir ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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Le psychodrame de la loi El Khomri est bien évidemment dans toutes les têtes à droite, et il a inspiré presque tous les candidats déclarés à la primaire. Premier point : fondamentalement, il n’y a pas de divergence de diagnostic avec le gouvernement de Manuel Valls, certains des candidats de la droite avaient même déclaré qu’ils étaient prêts à voter la loi El Khomri. Pas dans ce qu’elle est devenue bien sûr, mais dans sa version initiale, plus ambitieuse et surtout plus radicale.

Pour débloquer l’emploi, tous les candidats déclarés à droite considèrent qu’il faut simplifier le code du travail, notamment en ce qui concerne les conditions du licenciement et donner plus de marge de manœuvre aux entreprises pour décider de leur organisation du travail. Alors si le diagnostic initial est partagé, la méthode et surtout l’ampleur des réformes proposées divergent.

 

La méthode 

 

Culturellement, idéologiquement, politiquement, ce genre de mesures de déblocage du travail, forcément plus libérales, posent moins de problèmes a priori à droite, c’est évident.

Mais pour ne pas risquer de ne pas disposer de majorité le jour J, ou plus encore d’être confronté à un mouvement social de grande ampleur comme Alain Juppé en avait connu en 1995, et bien tous les candidats à la primaire de la droite disent qu’ils veulent faire l’inverse de ce qu’a fait François Hollande, ou ce qu’avait fait aussi en leur temps Jacques Chirac et Alain Juppé, et donc tout annoncer avant, avant, c’est à dire, avant l’élection présidentielle, en faire un objet de débat et de pédagogie pendant la campagne.

Tout annoncer, mais aussi tout préparer avant : les textes de loi, les modalités les plus précises, et même pour certains d’entre eux des ordonnances, pour que ça aille le plus vite possible et tenter d’éviter ainsi tout risque d’enlisement ou de reculade. 

 

Sur le fond, est-ce qu’en matière sociale, les programmes se ressemblent ?

 

Les nuances sont à la marge, si l’on met de côté bien Hervé Mariton, qui, lui, veut ni plus ni moins que supprimer le code du travail.

Plus sérieusement, même si Alain Juppé par exemple se défend de vouloir "remettre en cause le système social français ", les mesures préconisées sont assez radicales : Juppé, qui a annoncé son programme économique hier soir, veut une simplification drastique du code du travail, les conditions de rupture d’un contrat de travail seraient donc précisées et notifiées pour les CDI, pour le rendre "plus attractif " et donc plus "souple ", ce qui signifie qu’il veut simplifier et faciliter les conditions du licenciement.

Quant au temps de travail, Juppé est là mois radical que ses challengers qui eux préconisent de supprimer toute mention de durée légale du travail. Juppé, lui veut revenir aux 39 heures et laisser les entreprises s’organiser comme elles l’entendent.

Enfin, Juppé veut supprimer le compte pénibilité que la gauche a mis en œuvre avec le soutien de la CFDT.

Donc il ne s’agit pas seulement d’amplifier ce qu’avait porté initialement la loi El Khomri mais de réécrire de larges pans du code du travail et aussi de aussi de détricoter certaines mesures, parfois très symboliques, que la gauche a portées et instaurées. La bataille politique et idéologique ouverte par la loi El Khomri va donc se poursuivre tout au long de l’année qui vient.

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