Quand le Département d'Etat US troll les djihadistes sur les réseaux sociaux
On le sait, depuis plusieurs années, le gouvernement américain observe de très près la façon dont certains extrémistes se servent des réseaux pour diffuser leur idéologie.
Depuis le début du conflit en Syrie, le phénomène semble avoir passé la vitesse supérieure avec les #Greenbirds, des prédicateurs radicaux utilisant les réseaux sociaux pour convaincre des occidentaux d'aller se battre en Syrie.
Selon une étude publiée récemment par des chercheurs du King's Collège de Londres, 11.000 occidentaux seraient actuellement en train de se battre en Syrie, et un quart d'entre eux auraient été recrutés via les réseaux sociaux.
Un phénomène que le département d'Etat Américain a décidé de combattre publiquement, sur les réseaux.
Combattre en trollant
En décembre dernier, le Département d'Etat, le ministère des affaires étrangères américain, a décidé de passer à la vitesse supérieure en entrant directement en conversation avec ceux qui, sur les réseaux sociaux, font l'apologie de djihad par exemple. Ils ont par exemple créé un , que l'on pourrait traduire par "Réfléchissez y a deux fois, faites demi-tour".
Objectif affiché : contredire les arguments de ceux qui prônent le terrorisme ou le djihad, de façon parfois très crue. Sur ce compte Twitter certifié, tenu par un ministère officiel, sont ainsi diffusées les photos de victimes d'attentats ou de meurtres. Telle cette photo d'un homme crucifié, diffusée il y a quelques jours avec ce tweet :
" Al-Qaïda utilise le meurtre et la torture contre des locaux comme stratégie pour les soumettre. Voilà l'héritage honteux d Al-Qaïda.
La plupart du temps, ces tweets, ces photos, ne sont pas juste envoyés au hasard sur les réseaux sociaux. Les fonctionnaires du département d'Etat qui l'alimentent s'adressent directement à d'autres profils, publiquement. Ils entrent dans les conversations qu'ils ont repérées pour y délivrer ces messages.
Lorsqu'ils repèrent un occidental se vanter d'aller combattre en Syrie, ils n'hésitent pas à lui répondre en postant la photo du cadavre d'un jeune allemand, tué selon eux en Syrie.
Ceux qui utilisent ce compte officiel du gouvernement américain n'hésitent pas non plus à reprendre les codes graphiques des extrémistes sur les réseaux : photos choquantes, images granuleuses prises au téléphone portable, typographie, slogans...
Quel est l'objectif de ces actions du département d'Etat ?
Pour le gouvernement américain, c'est sans doute le signe d'un vrai changement. Jusqu'ici, les Etats-Unis ont toujours refusé d'entrer en conversation avec ceux qui prônent le terrorisme, estimant qu'une réponse officielle, sous n'importe qu'elle forme, leur donnerait trop d'importance. Désormais, la réplique semble être publique.
Alberto Fernandez, coordinadateur du Centre du Département d'Etat pour les communications stratégiques antiterroristes, a ainsi expliqué que son objectif n'était pas de faire rendre les armes aux extrémistes, mais d'atteindre le plus large public de spectateurs que les djihadistes ont essayé d'influencer via les réseaux. Bref, ne plus se contenter de surveiller ce qui se passe sur les réseaux, mais entrer dans les conversations pour ne plus "laisser ce terrain aux terroristes".
Pour le moment, ce programme reste une paille mobilisant 50 personnes pour un budget de 5 millions de dollars par an, mais il annonce peut-être un changement plus large dans la communication du gouvernement américain.
Un chercheur américain s'est penché sur cette grave question : qui supprime-t-on de ses amis Facebook en premier ?
Et sa réponse est claire : ce sont les amis de lycée qui font les premiers les frais des nettoyages de nos amis sur Facebook, à près de 20%. Ce qui explique sans doute pourquoi Facebook cartonne alors que le français Copains d'avant a disparu de la circulation des réseaux sociaux.
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