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"Mirabilia. Essai sur l'Inventaire général du patrimoine culturel", de Michel Melot

La notion de patrimoine a évolué. Pendant très longtemps, on avait une idée assez précise de ce qu'il fallait conserver. Ce n'est plus le cas.
Article rédigé par Philippe Vallet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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L'Inventaire général du patrimoine culturel réunit désormais des biens disparates comme des fermes, des chapelles, des sentiers de randonnée, des raffineries, des phares ou des usines. Michel Melot, ancien directeur du patrimoine, écrit, dans son livre, que cette inflation et cette métamorphose du patrimoine soudent notre société.

"Mirabilia. Essai sur l'Inventaire général du patrimoine culturel ", de Michel Melot est publié par Gallimard (288 p., 22E) Note : ****

Mot de l'éditeur

Jadis, on comptait sept merveilles du monde. Aujourd'hui, l'Unesco en recense des milliers. D'où vient un tel essor ? On s'est longtemps fait une idée assez claire des objets à conserver. Puis l'idéologie du tout-mémoire s'est ajoutée aux possibilités virtuelles d'une conservation intégrale pour faire du patrimoine ce que Pierre Nora a appelé " un problème global de société et de civilisation ".
L'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, créé à l'initiative d'André Malraux et d'André Chastel en 1964, a vécu quarante ans. En 2004, l'État en a confié la charge à ses vingt-six régions. Il a été rebaptisé pour l'occasion Inventaire général du patrimoine culturel. Derrière le changement de nom, une véritable métamorphose s'est opérée.
À cette date, avaient été enregistrés, outre 8 000 statues de la Vierge Marie et plusieurs milliers de maisons, de manoirs et de chapelles, 500 hôpitaux, 400 aéroports, 180 phares, 7 raffineries de pétrole et 4 centrales nucléaires, sans compter 40 000 monuments " classés ". Depuis lors, l'inflation des objets retenus n'a pas cessé.
Michel Melot, ancien directeur de l'Inventaire, se demande si, au-delà de ce besoin de sanctification laïque des biens culturels, ne se cachent pas, finalement, l'idée d'une mobilité salutaire des valeurs culturelles et celle, chère à Malraux, d'un Inventaire général ouvert, à même de remettre en question les valeurs les plus convenues.

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