"20 ans d'Amour Parfait" : Cali revisite son premier album, entouré d’artistes qui l'ont "élevé" et "aidé"
Dès les premières notes chantées, la voix et le phrasé de Cali, auteur, compositeur et interprète, sont reconnaissables. Artiste engagé depuis ses débuts, son album L'Amour Parfait sortait en 2003, il y a 20 ans maintenant. Très vite, un de ses tubes est devenu le manifeste d'une génération amoureusement désabusée : C'est quand le bonheur ?
Cali sort vendredi 15 mars, ce premier album totalement revisité : 20 ans d'Amour Parfait, avec les plus grands chanteurs comme Francis Cabrel, Calogero, Pascal Obispo, Stephan Eicher, et des aussi surprises, avec Eliott Murphy.
franceinfo : Que s'est-il passé pendant ces 20 ans, avez-vous vu le temps passer ?
Cali : Non, ça me fait très peur. Je me souviens du jour où j'ouvre la porte de cette histoire. Un jour, on me dit que ma chanson va passer à la radio. Il est 20 h. J'étais avec ma chérie, on a arrêté la voiture. On sautait partout et après on s'est aperçu qu’on était devant un cimetière ! Après ça, j'ai reçu des appels de gens qui m'avaient entendu un petit peu à droite à gauche, des amis perdus de vue et c'est parti de là et ça va tellement vite.
"Aujourd'hui, je travaille avec des jeunes, ils ont 30 ans de moins que moi et je me dis : mais j'étais vous, il n'y a pas longtemps ! "
Calià franceinfo
Quand L'Amour Parfait est sorti, c'était une quête ou c'était un amour qui était vécu à ce moment-là ?
C'était un désastre amoureux, c'était une rupture. Je faisais des bals de village et j'étais heureux avec ça. J'aurais pu vivre toute ma vie, c'est ma passion, le bal de village. Puis est arrivée cette rupture et je l'ai vécue d'une manière traumatisante. Alors pour me sauver la vie, j'ai écrit des mots. Je me souviens, j'étais avec un ami qui est peintre et qui a vécu une même rupture. Lui dessinait au fusain des choses très noires et on vivait tous les deux. C'était terrible ! On vivait en vase clos, on se montrait nos chansons et nos tableaux le matin, parce qu'il travaillait la nuit, et ça m'a sauvé, vraiment. Je me suis défendu. Je me souviens, la personne qui était concernée m'avait dit à l'époque : "Tu n'as pas le droit de chanter ça" et là, je me suis dit : C'est pas mal.
On sait d'où vous venez. Votre grand-père paternel était un Italien enrôlé dans les Brigades internationales pour combattre Franco. Votre famille finira par se réfugier en France après la défaite des Républicains, enfermée dans des camps destinés aux exilés espagnols. Votre grand-père maternel, lui, de son côté, était boxeur, communiste, catalan et maçon. J'ai l'impression que cette famille a énormément contribué à être l'encre de votre écriture, parce que L'Amour Parfait est empli d'espoir.
Merci de dire ça, parce que je vois vraiment de la lueur dans tout ça. Je vois vraiment de la lumière parce que mon papa, qui était quelqu'un de très gentil, je le voyais rentrer des meetings politiques en pleurs. Ou alors j'allais le voir dans ces salles enfumées et je me disais mais qui peut faire pleurer mon père ? C'étaient ces convictions-là et lui, sa destinée, c'était servir le mieux possible l'histoire de son père.
"Quand je vois tout ce qui se passe, ces lois terribles, ces gens qui arrivent, qui s'enfuient des pays en guerre et viennent se réfugier dans le pays des droits de l'homme, je repense à mes grands-parents et à ce qu'ils ont dû vivre."
Calià franceinfo
Le nouvel album 20 ans d'Amour Parfait est totalement différent. C'est presque nouvel album. Il est totalement épuré, revisité. Stephan Eicher est exceptionnel dans cet album, avec Pensons à l'avenir. Je voudrais savoir comment vous avez travaillé avec tous les artistes qui vous ont rejoints.
Je voulais célébrer ce disque. Je voulais vraiment lui faire une fête. Et on m'a parlé de ces jeunes qui arrivent et qui sont au fait de la gloire aujourd'hui. Mais j'ai dit non car pour moi, c'est 20 ans d'amour parfait. Ce sont les gens que j'ai côtoyés, qui m'ont aidé, qui m'ont élevé et que j'avais en posters dans ma chambre. Alors évidemment, Stephan Eicher en fait partie. Je lui ai proposé la chanson et il était sur la route, il l'est toujours ! Il m'a répondu : "Je peux te faire ça en Suisse". Je lui ai envoyé la musique. J'étais dans la rue et il m'a dit : "J'ai enregistré ça". J'ai écouté au casque sur mon téléphone ce qu'il venait de m'envoyer. J'ai pleuré dans la rue. C'est un vrai cadeau.
Vous allez aller sur scène avec cet album. La scène représente-t-elle toujours cette adrénaline essentielle que vous aviez, quand vous étiez sportif et que vous faisiez du rugby ?
"Pour moi la scène c'est l'endroit, c'est la communion."
Calià franceinfo
Oui, c'est la même histoire. Je suis toujours "rugby" et sur scène, je suis aussi "rugby". Et même avant de monter sur scène, quand je parle à mes musiciens, je suis l'entraîneur de rugby ! Rentrer complètement détruit dans les loges à la fin, en sueur et épuisé, c'est la quête. Maintenant, j'ai du mal à suivre ce qu'il faudrait faire au niveau stratégie. Je n'en ai aucune. "Bruno fais-toi oublier, fais un album, fais une tournée et arrête", je ne peux pas. J'ai essayé de ne pas jouer pendant quelque temps et j'ai fait carrément une vraie dépression. Avec tout ce qui se passe aujourd'hui, c'est comme si vous éteigniez tout et pendant deux heures. C'est du temps gagné sur la vie, et on peut faire ce qu'on veut et encore une fois, c'est un cadeau.
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