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Brian Molko, de Placebo : "Je me perds constamment, mais ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, le musicien et chanteur Brian Molko, cofondateur du groupe Placebo. Après sept ans d’absence, le groupe vient de sortir son huitième album, "Never let me go".

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le groupe Placebo en concert à Henham Park (Royaume-Uni) le 16 juillet 2017 (KEITH MAYHEW / MAXPPP)

Brian Molko est un musicien et chanteur américano-écossais, notamment connu voire adulé pour être le meneur et cofondateur avec Stefan Olsdal du groupe Placebo, fondé en 1996, il y a 26 ans. Et, c'est loin d'être fini puisque le groupe est de retour avec un nouvel album : Never let me go. C'est leur huitième album après 13 millions de disques vendus, un peu comme la résurrection d'une musique que Placebo a su façonner avec le temps.

franceinfo : Never let me go apparaît un peu comme une urgence de revenir à l'essentiel. Quel était le point de départ ?

Brian Molko : Le point de départ, c'était en 2016, quand on a pris la décision de faire cette tournée rétrospective, 20 years of Placebo. On s'est dit : "Il faut faire attention car on a vraiment une relation assez dysfonctionnelle avec nos vieilles chansons". On a, alors, décidé de commencer à composer des choses pendant les breaks de cette tournée pour continuer à se sentir comme des artistes.

Ce processus de renouvellement, de chercher quelque chose de nouveau, c'est impératif pour moi, je n'ai vraiment pas envie de m'emmerder avec Placebo. Il faut vraiment se pousser pour trouver des méthodes différentes, des situations stimulantes, des choses à dire que tu trouves importantes, pour faire quelque chose qui te nourrit.

"J'écris dans les moments d'urgence. J'ai quelque chose en moi qui me démange. Si je ne l'extériorise pas, ça va continuer à me démanger. Ce sont souvent des émotions qui sont problématiques, difficiles, tristes, coléreuses, frustrées."

Brian Molko, du groupe Placebo

à franceinfo

J'ai la chance de pouvoir passer par un processus assez cathartique, c'est presque une forme de thérapie et l'élément positif, c'est que cela touche des gens, émotionnellement. Il y a cette connexion humaine. "Il ne faut pas qu'on soit trop à l'aise ou confortable dans tout ce qu'on fait", c'était un des mantras de mon cher ami David Bowie qu'il me le répétait tout le temps.

Est-ce que la musique vous a permis de vous trouver ?

Pas vraiment. Non. Je suis dans un état d'évolution constante. Je me perds constamment, mais ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose. C'est le trajet qui compte parce que le trajet est en fait la destination.

Quand on écoute Placebo, il y a votre voix qui ressort. Quelle relation entretenez-vous avec elle ?

Je ne me considère pas vraiment comme un guitariste. Je sais comment écrire une chanson. Je sais comment trouver des mélodies qui sont entraînantes. Je dirais qu’avec ma voix qui, heureusement, est assez unique, il y a une certaine excellence et peut-être qu’une de mes seules certitudes est que je suis un bon chanteur.

Je voudrais qu'on parle de la chanson Beautiful James, qui est vraiment un hymne et je pense évidemment à Nancy Boy puisque que vous vous êtes positionné très vite sur la défense des opprimés, sur la tolérance. Ça aussi, ça vous définit d'avoir toujours été là où vous aviez envie d'être ?

C'était essentiel. On a décidé d'avoir le courage de se présenter de la façon qui était impérative pour nous et on nous donnait des scènes pour faire ça, alors c'était un petit peu comme un processus de découverte de soi.

"On s'est très vite rendu compte qu'il y avait beaucoup de gens comme nous qui se sentaient comme des 'outsiders' et ce sont eux qui sont devenus notre public."

Brian Molko, du groupe Placebo

à franceinfo

Est-ce que vous avez réalisé votre rêve de gosse avec Placebo ?

Oui, parce que à l'âge de 11 ans, j'ai regardé mon père et je lui ai dit : tu te déguises comme ça tous les jours et tu vas au même endroit pour t'asseoir derrière un bureau ? Ah non, ça, ce n'est pas possible. Si je fais ça, je vais devenir incroyablement déprimé. Alors, même à l'âge de 11 ans, je me suis dit : il va falloir que je trouve quelque chose d'autre à faire parce que je ne comprends pas le métro, boulot, dodo. Ce n'est vraiment pas pour moi.

J'ai fait l'école de théâtre, mais même ça, ce n'était pas assez pour moi. Quand j'ai eu mon diplôme, je me suis dit : ce n'est pas vraiment cela que tu veux faire. Ce que tu veux vraiment faire, c'est former un groupe.

Vous l'avez trouvé avec Stefan Olsdal et vous dites d'ailleurs qu'un groupe, c'est aussi une évolution. On divorce souvent. Et pourtant, ce mariage dure depuis 26 ans avec Stefan !

Oui ! Ensemble, on peut vraiment créer de la magie. Ce n’est pas qu’une collaboration. On a beaucoup de chance d'avoir l'autre puisqu'on peut faire quelque chose ensemble, qui est plus grand, plus effectif, plus émotionnel que si on le faisait tout seul. On a besoin l'un de l'autre pour faire de la magie.

Placebo sur scène le 10 novembre 2022 à Maxéville, le 11 à l'Accor Arena de Bercy, le 13 à Bordeaux, le 14 à Rennes... 

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