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Chilly Gonzales : "J’ai fait l’album que j’aurais voulu écouter"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l’invité est le musicien canadien Chilly Gonzales pour une double actualité. La sortie d’un nouvel album de saison et un livre.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 544 min
Le pianiste et compositeur canadien Chilly Gonzales se produit lors du 51e Festival de jazz de Montreux, le 2 juillet 2017. (FABRICE COFFRINI / AFP)

Dans le livre Plaisirs (non) coupables (édition Flammarion), Chilly Gonzales se raconte, expose ses interrogations et se pose par exemple, la question du bon ou du mauvais goût en matière de musique. C’est par le prisme de la chanteuse irlandaise Enya, et son humble carrière, qu’il tente d’apporter une réponse à cette question tellement subjective : "Ce n’est pas un livre sur elle, c’était juste le point d’entrée pour pouvoir parler de la musique et de mon trajet. Je suis tombé dans des pièges. Je croyais qu’impressionner les gens c’était le but de la musique et en fait, j’ai compris que non."

Le but de la musique c’est de rassembler les gens, de créer une connexion. Pour moi, la musique sans cette relation avec le public ça n’existe pas

Chilly Gonzales

à franceinfo

Chilly Gonzales est habité par la musique, dépendant, c’est son oxygène et ce, depuis très longtemps comme il l’explique avec humour : "J’ai commencé très tôt avec cette drogue. Mon premier dealer était mon grand-père qui m’a mis devant le piano. C'était un hongrois qui a immigré au Canada, et n’a pas voulu qu’on perde la connexion avec l’Europe. Donc, j’avais cette très stricte approche avec les maîtres de la musique classique. Plus tard, j’ai découvert la musique pop à travers les clips et j’avais toujours un peu ces deux voies parallèles. La pop, fun et en même temps d’être étudiant de la musique et de vouloir plaire aux dieux de la musique".

Dans son livre, on découvre aussi l’importance de la voix dans son épanouissement personnel. Il confie à Elodie Suigo son attente, enfant, durant des années, qu’enfin sa mère lui chante des berceuses pour l’apaiser et pour l’endormir. Ça n’est pas venu mais il en a pris son parti : "J’utilise la musique pour remplacer cela et c’est très beau. Peut-être ce n’était pas l’idéal non plus mais que la musique soit là pour me fournir ça. C’est pour ça que j’ai un attachement particulièrement émotionnel à des voix féminines rassurantes comme Enya."

Nostalgie de Noël

Very Chilly Christmas est un album de reprises et de saison, un véritable bijou dans lequel Chilly Gonzales a dépoussiéré des titres bien ancrés dans la mémoire collective comme Silent night (Douce nuit) ou Last Christmas. De la nostalgie remise au goût du jour d’une heureuse manière, accessible et sans smoking et piano à queue : "Elle est intime. J’ai décidé de me réapproprier les morceaux de Noël à ma façon. J’ai des sentiments très mixtes quant à Noël comme plein de gens."

L'année dernière, Chilly Gonzales a vraiment "galérer à trouver de la musique qui faisait le bon miroir à ses sentiments. Il me manquait un truc intime".Il soullignee l’importance de jouer comme on est, avec naturel : "Quand c’est trop professionnalisé, quand c’est trop hautain, ça ne marche pas la musique. Je suis là avec mes pantoufles, ma robe de chambre sur un piano droit. Finalement j’ai fait l’album que j’aurais voulu écouter, qui n’existait pas."

Quand je joue au piano, je veux donner l’impression d’être l’oncle qui joue du piano dans le couloir. C’est pour ça que j’ai un jeu nonchalant, je ne prépare pas trop quand j’enregistre pour avoir ce sentiment-là

Chilly Gonzales

à franceinfo

Le show-man détient le record dans le Guinness Book pour le concert solo le plus long de 27 heures. Cet original, qui se définit comme un "Entertainer", n’en a pas moins peur du courroux des dieux de la musique et nous conseille d’écouter ce sublime album "En robe de chambre et en pantoufles, éventuellement nous finissons tous habillés comme Chilly Gonzales, je crois".

À défaut de pouvoir le voir sur scène, il est visible en streaming sur Arte jusqu'au 21 janvier 2021.

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