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Dick Annegarn : "Je préfère marcher ou regarder le ciel que de me faire applaudir"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, Dick Annegarn, auteur-compositeur-interprète néerlandais francophone pour son nouvel album "Söl" qui sort aujourd’hui.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Dick Annegarn à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) le 24 mars 2016 (MARTIN BUREAU / AFP)

C’est les pieds bien sur terre que Dick Annegarn revient avec un nouvel album Söl, très solaire et très autobiographique. Un disque comme le reflet de son parcours atypique dans le monde de la musique.

Durant 15 ans, il se retrouve sans contrat, sans sécurité sociale. Philosophe, il reconnaît avoir apprécié à sa juste valeur ces années de vache maigre : "J’ai passé beaucoup de temps à me réinventer. Je n’aime pas faire la promo, je n’aime pas la vie publique, même les concerts ! J’aime écrire et transpirer, je préfère marcher ou regarder le ciel que de me faire applaudir". L’occasion pour lui aussi de s’enrichir personnellement, de réfléchir et de se rendre compte qu’il n’avait jamais fait de disque seul : "Je me suis dit : 'Je suis au calme, avec mon instrument, la nature, je vais essayer de mettre ça en boîte' " et il précise en souriant : "Ce n’est pas un concept-album. Ce n’est pas : 'je vais me la faire pauvre !' J’étais pauvre dans ma ferme et j’avais beaucoup de temps et beaucoup de silence."

La musique c’est le vent entre les arbres, la musique c’est un souffle. Je n’écoute pas de musique par exemple. Justement le silence c’est ma matière première, il faut que ce soit mieux que le silence sinon je ne le retiens pas.

Dick Annegarn

à franceinfo

Avant de maîtriser l’art et la manière de se servir du silence pour créer, le jeune Dick Annegarn apprend à jouer tout seul de la musique avec une guitare : "Le folk, les chansons italiennes, j’ai appris ça enfant, adolescent, c’est ma propre éducation". Cet obsédé textuel, tout de même président de l’association Les Amis du Verbe dont l’objectif est de développer d’autres oralitures (littératures orales), nous offre dans cet album le temps qui passe et ses questionnements sur le sens de la vie : "Je suis né à La Haye. Oui mais c’est où ? Quand ça va finir ? Et comment ? Suis-je le fruit de l’amour ou pas ? 'Plaisir d’amour ne dure qu’un instant, chagrin de la vie dure toute une vie'. N’importe quel enfant se demande si vraiment c’est un enfant de l’amour ".

Il confie à Elodie Suigo ses blessures : "J’ai dû voler les jouets de mon frère qui était l’aîné. Lui, il avait plus de considération, plus d’aides que moi " et étrangement, admet avec le recul que c’est un schéma heureux finalement : "C’est aussi bien. Dick Annegarn, c’est mon nom. Ce n’est pas un pseudonyme mais c’est quand même quelqu’un que j’ai conquis, que j’ai gagné avec une culture que j’ai acquise par moi-même"

On le découvre avec la chanson Bruxelles en 1973, un titre qui lui colle à la peau, jusqu’à décliner le concept en 2018 avec 12 villes, 12 chansons en version symphonique. Il s’amuse notamment à regarder les reprises qu’en ont fait d’autres artistes, comme Arno ou Alain Bashung.

Artiste un peu à part, il botte en touche lorsqu’on essaie de le caser dans monde de l'underground, en tous cas celui des années 70 : "C’était une musique bizarre, très expérimentale, c’était très lié à une époque. Je me suis quand même inspiré de choses pas underground du tout. Le blues n’est pas underground !"

J’explore le monde et donc c’est le monde qui me surprend. Et donc petit à petit, je me surprends à faire des erreurs aussi.

Dick Annegarn

à franceinfo

Dick Annegarn est un loup solitaire : "J’ai besoin de m’ennuyer, pour écrire il faut que je m’ennuie. S’ennuyer c’est créatif et c’est aussi du repos. Il vaut mieux être seul que mal accompagné".  Il voit se profiler à l’horizon la conception d’un opéra sur lequel il cogite depuis quatre ans mais surtout la scène, avec quelques concerts, du 24 au 26 novembre 2020 à Lyon, le 19 décembre au Festival Les Guitares à Villefranche-sur-Saône puis au mois de février 2021.

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