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Etienne Daho : "Le Gainsbourg de surface était une création"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie. Aujourd'hui, elle reçoit Etienne Daho pour évoquer les souvenirs qu’il garde de Serge Gainsbourg.

Article rédigé par franceinfo
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Etienne Daho sur scène aux Francofolies de la Rochelle en juillet 2015.  (XAVIER LEOTY / AFP)

Etienne Daho est adolescent quand il découvre Serge Gainsbourg. D’abord avec des chansons pop comme dans l’album Initials B.B (1968),  puis Histoire de Melody Nelson (1971) dans un album acheté par le grand frère d’un ami.

Ce fût une révélation sonore pour nous.

Etienne Daho

à franceinfo

C’est par le biais de Françoise Hardy, de qui Etienne Daho avait repris une chanson pour l’émission Les enfants du rock qu’il rencontre Serge Gainsbourg. Ce dernier demande à Françoise Hardy qu’il l’appelle. Etienne Daho hésite, traîne et Françoise Hardy le relance. Il finit par contacter Serge Gainsbourg et se rend rue de Verneuil : "Et de ce moment-là ont commencé des après-midis que j’ai passés avec lui, une relation régulière jusqu’à la fin". Au moment de l’interview, Etienne Daho a dans son sac un livre du peintre Francis Bacon, offert par Serge Gainsbourg : "Car il était fan de Francis Bacon et moi je l’avais découvert quand j’étais étudiant en Arts Plastiques et cela m’avait vraiment brûlé".

Serge Gainsbourg lui a beaucoup apporté en tant qu’artiste : "Avec ses chansons, il m’a aidé à me construire, à me faire une oreille et à m’habituer à un français un peu différent, anglicisé avec des formules, une idée de comment faire sonner le français et de comment le rythmer." 

Dani

Même disparu, Serge Gainsbourg est toujours dans la tête d’Etienne Daho et cela se traduit par la reprise en 2001 de Comme un boomerang (écrite, composée en1975 par Serge Gainsbourg pour Dani en vue de l’Eurovision qui n’a pas eu lieu cette année-là pour cause d’obsèques de Georges Pompidou): "C’est une très bonne chanson et Dani m’en parlait très souvent mais comme il n’y avait pas de documents c’était un truc un peu fictif."  Après une recherche dans les archives de la maison de disque, ils retrouvent une bande son avec deux versions : une version dans laquelle Gainsbourg chante seul et une version avec Dani. Dani traversant une période un peu compliquée à l’époque et Etienne Daho aimant beaucoup cette chanson, il décide de l’enregistrer et de la financer  en se disant : "On verra ! De toutes façons c’est super, on s’en fout, on trouvera bien une maison de disques à un moment donné et on choisira. Et c’est ce qui s’est passé".

Tout était prêt pour un enregistrement avec sa tonalité à elle et là Dani lui suggère de poser sa voix à lui aussi pour une version duo. Il tente de lui prouver que non : "Non, très mauvaise idée, le texte n’est absolument pas un duo, d’ailleurs je vais te montrer tu vas voir, et j’ai commencé à chanter, ce n’est pas dans ma tonalité, c’est un peu au-dessus ce qui fait qu’au finish ça donne un truc bizarre, puisque je suis plus haut et elle avec sa voix grave. Ça fait un truc très étrange sur le genre."

Charlotte Gainsbourg

Etienne Daho apprend un jour que Charlotte, la fille de Serge Gainsbourg souhaite chanter et en particulier avec Etienne. Il lui propose le texte de la chanson If  face à sa pudeur : "Essayons, viens en studio, on fait un essai, et puis si ça ne te plaît pas poubelle, il n’y a aucune obligation de quoi que ce soit. Et en fait, là aussi c’est devenu une des choses que je préfère dans tout ce que j’ai fait. » .

Après son duo avec Charlotte en 2003, il écrit et produit actuellement le prochain album de Jane Birkin. Ce sont de vrais liens d’amitié, d’admiration, d’affection avec les membres de la famille Gainsbourg.

Serge Gainsbourg

Inoubliable, éternel, sa disparition est impalpable : "J’ai un drôle de rapport avec la mort. Je me ferme un peu. Je ne laisse pas du tout exprimer mes émotions. Quand un artiste aussi présent que lui s’en va, il est tellement présent que ce n’est pas vraiment une absence. J’ai toujours pensé que cette chanson Boomerang c’était comme un petit signe d’ailleurs, qu’il nous envoyait : 'voilà je suis toujours là.''"

"C’était un homme d’une grande culture, très délicat, très différent de l’homme qu’on a connu sur la fin. Le Gainsbourg de surface était une création. Le véritable homme était quelqu’un de bon, d’intelligent de très fin et sensible."

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