Gérard Lanvin : un album avec son fils Manu, qui l'a "réveillé"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, le comédien Gérard Lanvin et son fils Manu. Ils sortent un album, Ici-Bas.
Acteur et chanteur, Gérard Lanvin est indissociable de Martin Lamotte, de Coluche, mais aussi des César puisqu'il a reçu à plusieurs reprises cette ultime récompense notamment pour Le fils préféré de Nicole Garcia (1994) ou encore Le goût des autres de Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui (2000). Quand on évoque son nom, on pense aussi et avant tout au film de Michel Blanc Marche à l'ombre (1984).
Il sort aujourd'hui un album, Ici-Bas, avec son fils, Manu Lanvin, auteur-compositeur-interprète et musicien. L'occasion d'écouter la belle complicité qui les unit.
franceinfo : Gérard Lanvin, un album c'est logique puisque vous êtes né un 21 juin, jour de la Fête de la musique !
Gérard Lanvin : Bien sûr, c'est une fête ! Et par rapport à cette période terrible pour nous tous, quelque part elle a été positive puisque ça nous a permis à Manu et moi de nous réunir. Manu m'a dit : "J'ai dix musiques, écris-moi des textes et on se fait un album". Je lui ai dit c'est une plaisanterie ou... et il a répondu que pas du tout.
J'ai été vers, non pas le fils, mais l'artiste que je trouve très rigoureux et j'ai besoin d'un taulier quand je travaille. J'ai été vers cet homme qui m'a toujours étonné de par son talent et de par son envie de faire les choses.
Gérard Lanvinà franceinfo
Votre père vous appelle le taulier, Manu Lanvin. Quel effet ça fait ?
Manu Lanvin : C'est chouette ! Je voulais ce titre ! Cette collaboration était un fantasme que j'avais depuis longtemps. Je savais qu'il avait plein de textes et de pensées, de réflexions sur la société d'aujourd'hui. Les gens sont souvent très sensibles à ses apparitions à la télévision lorsqu'il fait de la promo. J'avais besoin de canaliser un peu ça, pour pouvoir prendre des thématiques de la société et de les développer avec lui, avec son langage qui rappelle un peu les mecs des années 70, ces Parisiens. Et il y a tout ça dans son phrasé et j'espère qu'on a fait un bel ouvrage ensemble.
La transmission est là puisque votre première guitare, Manu, c'est celle de Marche à l'ombre. Il vous dit clairement : "Je veux bien que tu apprennes, mais tu fermes les portes".
Manu Lanvin : J'ai vite compris qu'on pouvait faire quand même beaucoup de bruit avec une guitare ! D'ailleurs, on a fait une captation et des répétitions pour préparer le spectacle parce qu'on va emmener "le daron" sur la route avec ma première guitare. Et c'est vrai que je ne sais pas si c'est un hasard, mais c'est avec elle que je joue pratiquement pendant tout le set.
C'est vrai que ma première guitare est celle de 'Marche à l'ombre'. C'est un truc de dingue !
Manu Lanvinà franceinfo
À quel âge commence la musique pour vous, Gérard Lanvin ?
Gérard Lanvin : Tôt parce que chez moi, mes parents écoutaient déjà des chanteurs à textes : Reggiani, Brel, Brassens, Aznavour, Gilbert Bécaud. J'ai été voir Aznavour sur scène, je devais avoir dix ans, à l'Olympia avec mon père. Le fait est que j'ai été très sensibilisé aux mots et aux textes dès le départ.
Votre père ne voyait pas forcément d'un bon œil le fait que vous ne fassiez pas du commerce.
Gérard Lanvin : Oui. Mes parents étaient dans une exigence différente. Quand Manu m'a dit qu'il voulait faire de la musique, je n'ai pas pu lui dire d'attendre et que ça allait être compliqué... À un moment, vous allez dans leur sens et vous les suivez parce qu'élever un enfant, c'est faire en sorte qu'il devienne ce qu'il veut être et non pas ce qu'on voudrait qu'il soit. Mais mon père quand il m'a vu débouler les cheveux teints au henné rouge avec une Harley, des santiags et un jean serré, il n'était pas rassuré.
Vous avez toujours été attiré par effectivement ces rencontres humaines. Il y a eu Martin Lamotte, Coluche, ils vous ont beaucoup donné aussi dans l'improvisation, dans le café-théâtre.
Gérard Lanvin : La première rencontre que j'ai fait des deux, c'est Coluche aux puces de Saint-Ouen, puisque j'étais fripier. C’est lui qui m'a présenté Martin, qui m'a donné la possibilité de jouer la comédie.
Il y a un film qui résonne finalement dans cet album, je pense au film Tir groupé de Jean-Claude Missiaen (1982). Gérard Lanvin, vous y jouez une personne qui va venger la personne qu'elle aime. La chanson "Appel à l'aide" est une caisse de résonance par rapport à ce sujet. Je voudrais qu'on évoque cette chanson qui dénonce les féminicides, les violences conjugales, les violences faites aux femmes.
Gérard Lanvin : J'étais amie avec Marie Trintignant, je la connaissais bien. La nouvelle atroce de sa mort... Pour moi, elle a été exécutée et j'ai trouvé cela assez insupportable. Et puis, tout d'un coup, on me rappelle aujourd'hui que dans pas mal de couples, il se passe des choses abjectes de ce genre-là et donc ça m'a percuté et j'ai eu envie d'écrire cette chanson.
Manu, elle vous a aussi touché.
Manu Lanvin : Bien sûr ! Il est important pour moi de l'associer à des gens dans l'action. Très vite, j'ai fait le lien avec l'Union Nationale des Familles de Féminicide, qui aide les enfants qui se retrouvent sans leur mère. On oublie aussi qu'il n'y a pas de support psychologique derrière tout ça.
On en fait quoi des enfants après ? L'argent généré par la chanson "Appel à l’aide" va aller à l'Union Nationale des Familles de Féminicide. C’est important, à un moment donné, d'agir.
Manu Lanvinà franceinfo
Quand on parle de musique avec vous, Gérard Lanvin, on est obligé de parler de Renaud, qui vous a un peu caricaturé. Il s'est fait plaisir avec Les aventures de Gérard Lambert et par la suite avec Le retour de Gérard Lambert.
Gérard Lanvin : Renaud est quelqu'un que j'aime profondément parce que d'abord, on s'est connus tout jeunes. Ensuite, on a forcément un lien assez particulier puisqu'il s'est marié avec ma femme. Je m'étais marié très jeune avec Dominique et j'allais dans cette aventure de café-théâtre et il se trouve que j'avais besoin de liberté. Et puis, tout d'un coup, ils sont tombés très amoureux. Pourquoi aller à l'encontre de cette histoire qui était très belle entre eux deux ?
Etes-vous heureux aujourd'hui avec ce projet, Gérard Lanvin ?
Gérard Lanvin : Ah oui ! Ça m'a réveillé ! Ça m'a réveillé parce qu'on a tendance à s'endormir quand même un peu. Là, d'avoir à nouveau le trac, ça réveille.
On vous retrouve aussi à l'affiche du film Envole-moi de Christophe Barratier avec Victor Belmondo. Vous allez être partout.
Gérard Lanvin : Il se trouve que tout est cumulé en même temps, voilà, c'est tout. J'espère ne pas lasser, ça fait longtemps que je ne suis pas venu, j'espère qu'ils m'attendent un peu.
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