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Joann Sfar : "Le dessin, c'est une manière très délicate de dévorer les gens"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Elodie Suigo, et se confie. Aujourd'hui, le dessinateur Joann Sfar.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Joann Sfar. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

Le Chat du Rabbin c’est une BD institution, plus d’un million d’exemplaires vendus depuis la création du premier album… Le 8e tome, signé Joann Sfar, parait chez Dargaud. 300 bandes dessinées au compteur, des romans, deux films, et des idées à foison... Joann Sfar est un éternel "adulescent" qui ne cesse de nous faire rêver.

Il est né à Nice d’une mère ashkénaze et d’un père séfarade. Joann Sfar souhaitait mettre des images sur les souvenirs de sa famille. L’imaginaire a toujours été une échappatoire pour Joann Sfar. Notamment après le décès prématuré de sa mère, l’artiste a toujours eu besoin de dessiner pour s’apaiser et alléger ce souvenir… "Peut-être que l'éveil a été plus tôt que chez d'autres qui découvrent la mort un peu plus tard. L'imaginaire a toujours été nécessaire pour que je passe de bonnes journées. Le 'je dessine', c'est mon abracadabra, le moment où je vais acheter des aquarelles comme Harry Potter sa baguette magique, c'est un moment où je sais que je prépare les instants qui vont rendre ma vie supportable."

Joann Sfar est aussi perfectionniste, il aime que tout soit précis. Fasciné par les différentes techniques de dessin pour mettre en valeur ses personnages, il prend plaisir à dessiner ses héroïnes. "Il y a une envie d'égalité politique et il y a des différences anatomiques qui sont passionnantes à étudier. Le corps de la femme s'est métamorphosé en un siècle à mesure qu'elle gagnait en indépendance. Mais il reste des formes dans nos os qui disent qu'on est un homme ou une femme..."

"J'ai essayé de leur voler les petits mouvements"

A travers son dernier album emblématique Le Chat du Rabbin, Joann Sfar arrive à croquer la finesse et la justesse des mouvements des femmes. "Le dernier album est fait d'après nature. J'ai fait poser trois comédiennes, en costume des années 20 à 30. J'ai observé leur gestuelle et j'ai essayé de leur voler les petits mouvements, les petits gestes les plus naturels possible."  

"Il y a une sauvagerie dans le dessin, une envie de dévorer. C'est une manière très délicate de dévorer les gens mais on les dévore quand même. J'ai dessiné mon amoureuse Louise, j'ai envie qu'on la reconnaisse. Je n'ai pas envie qu'on dise juste que c'est un bon dessin, j'ai envie que les gens disent : ouah, c'est Louise !"

Le tome 8 Le Chat du rabbin, petit panier aux amandes est disponible. Laissez-vous porter par cette histoire éblouissante, pleine de tendresse et d’amour. Et offrez le, il aide à rire et à s’ouvrir aussi.

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