Le monde d'Elodie. La grande Sophie : "Quand on va pouvoir enfin se réunir, ça va être une fête"
Confinée chez elle, à Montreuil, la chanteuse compose et lit Simone de Beauvoir en attendant de retrouver la joie d'être ensemble.
Elodie Suigo : Comment vivez-vous le confinement ?
La Grande Sophie : Déjà c'est nécessaire qu'on respecte ça, parce qu'il y a des gens qui sont en danger de mort, donc il faut respecter ça, je le fais par respect des autres. Le fait de me retrouver enfermée chez moi, je me dis que c'est pas si nouveau pour moi, parce que je suis très solitaire et que j'ai l'habitude de m'enfermer sur de longues périodes, donc ça, ce n'est pas nouveau. Ce qui est nouveau, c'est que c'est la première fois qu'on vit une chose pareille et j'avoue qu'en ce moment, par exemple, je n'arrive pas à regarder des séries de science fiction, ce genre de chose, parce que je n'arrive plus à faire la part des choses. Je me dis, ce n'est pas possible, c'est la réalité, mais si je regarde une chose encore pire en science fiction, est-ce que ça va être ça ? On n'avait vu ça, en fait, que dans des livres, des BD, des films et puis c'est vrai qu'on a à la fois du mal à y croire et que c'est hyper dangereux et qu'on est tous logés à la même enseigne pour le coup ! C'est comme dans les séries, ce n'est plus la bactérie qui fait peur, après, c'est les humains !
Etes-vous angoissée ?
Evidemment que c'est angoissant ! Je me considère à l'abri quelque part, après, personne ne l'est, mais je pense surtout qu'on doit préférer ce confinement par rapport aux autres, par rapport à ceux qui sont dans une précarité, qui sont plus faibles, qui ont des maladies déjà, c'est en pensant à eux que je suis affolée. Vous vous rendez compte ? des gens qui étaient déjà malades, ceux qui sont malades du virus et puis ceux qui étaient déjà malades et on voit les hôpitaux surchargés avec le personnel qui ne sait plus comment faire, on se dit qu'il ne faut pas tomber malade à ce moment là, ça c'est sûr !
Comment occupez-vous vos journées ?
J'étais déjà en train de composer une musique de téléfilm et puis j'avoue que ça donne aussi envie d'écrire, donc je ne me retiens pas d'écrire ; je pose des mots ; j'ai un cahier que j'ouvre et parfois, ça peut être juste une phrase et chaque jour je mets une date et quelques mots. Et puis je prends ma guitare aussi et puis il y a cette envie, quand on sait qu'on ne peut pas sortir quand on veut, hé bien, j'ai la chance d'avoir un toit où je peux me hisser, me hisser sur mon toit et respirer un peu l'air.
Où êtes-vous actuellement ?
Je suis à Montreuil, chez moi, c'est l'endroit où je me sens le mieux. je n'ai pas voulu aller en famille chez mes parents, parce que je voulais les protéger aussi.
Comment communiquez-vous avec eux ?
En ce moment, je réponds beaucoup à des Whatsapp, même si moi j'aime mieux parler aux gens, c'est important pour moi, mais malheureusement, selon les générations ça ne se passe pas comme ça. Beaucoup de gens ont l'habitude de s'envoyer des textos, mais la voix reste très importante pour moi, même si je ne vois pas la personne, je n'y tiens pas forcément, mais j'aime les voix et j'aime entendre les personnes.
C'est une période inspirante pour vous ?
Il y a des choses qui me viennent et je ne me retiens pas, mais c'est vrai qu'il y a plein de choses en suspens où on ne sait pas trop ... L'après va être compliqué et en même temps, moi je l'attends avec impatience parce qu'un virus, ça vous éloigne avec ce périmètre de sécurité entre les personnes, or l'humanité, ce sont des liens, et ça fait très bizarre, l'absence de contacts... Ne plus se réunir avec des amis, c'est ça qui est difficile.
Un mot sur ce que vous pourriez nous conseiller de lire, de voir ou d'écouter ?
Moi je sors d'un livre de Simone de Beauvoir, qui s'appelle L'âge de discrétion, ça colle tout à fait avec ce que je suis, une obsédée du temps qui passe, et là, elle parle de la soixantaine et j'aime beaucoup comment elle en parle, c'est très intéressant et c'est un petit livre qui se lit très très vite. Voilà, je me réserve des petits moments de lecture le soir avant de m'endormir mais pour le reste, j'ai un tempérament à être créative, en ce moment.
Un message d'espoir à faire passer aux auditeurs de franceinfo ?
J'ai envie de leur dire de respecter ce confinement, pour qu'on passe très vite à autre chose et qu'on puisse se réunir et je pense qu'après, quand on va pouvoir enfin se réunir, il va y avoir cette joie de se retrouver, ça va être une fête, je pense, après ! Mais en attendant, j'espère qu'on ne va pas compter beaucoup de morts, je le souhaite du fond du coeur.
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